J'étais obligé de lire Guerilla. D'ailleurs niveau com' on peut déjà féliciter Ring qui a fait du bon boulot et qui m'a fortement donné envie de lire un livre qui m'aurait sûrement pas/peu attiré s'il y avait pas eu toute cette promo. Au passage petit coup de gueule à ce propos, car si ils ont bien vendu leur livre, la victimisation à outrance du style "notre livre, tout le monde se l'arrache, il est numéro 1 des ventes mais les grands méchants médias le cachent" c'est vite lourd : beaucoup de personnes dans mon entourage en avaient entendu parler sans suivre particulièrement la maison d'édition et quand je suis allé dans ma librairie l'acheter (deuxième plus grande librairie de France d'ailleurs, plus grand public tu meurs) il y avait une bonne pile placée en évidence. Passons.


Pour parler du bouquin, pour l'apprécier il faut - à mon humble avis - en attendre quelque chose de particulier. Certains le lisent pour se convaincre de ce qu'ils savent déjà (grosse dédicace à celle d'Obertone, qui dédie son livre "à ceux qui n'ont pas compris"), d'autres le lisent parce qu'ils aiment se foutre la trouille. Ça c'était mon cas : on m'a décrit ce livre comme une histoire qui vous bouleverse, vous empêchera de dormir tellement elle vous ouvrira les yeux sur notre avenir sombre, chaotique et inévitable. Je voulais que ce livre me bouleverse, me foute la trouille. C'est raté.


L'histoire se déroule sur trois jours, trois jours où on voit notre monde s'embraser et s'enfoncer dans le chaos.
Le premier jour est chiant. Obertone tape sur les clichés et dresse les portraits des premiers personnages d'une manière très grossière. On a l'impression qu'il est le genre de type qui s'est fait racketter par un arabe à l'adolescence et qui l'a jamais digéré depuis, humilié d'avoir baissé les yeux et de n'avoir pas su réagir et qui se venge dans ces histoires. Parce que ces types-là sont les gros méchants du livre : pas les caïds des cités, pas les terroristes, les anar/faf/antifa ou que sais-je, non! c'est les inactifs, ceux qui se cachent et se mentent pour se rassurer que tout va bien et bien dormir tous les soirs. Il peint ces gens-là (les prophètes de la bien-pensance) à la perfection, si bien qu'on en vient vite à les trouver insupportable et qu'on veut les secouer pour les réveiller.
C'est ce que j'ai eu du mal à apprécier au début : Laurent Obertone déteste tout le monde, même ses personnages qui sont tous de gros trous du cul, et on a du mal à se placer à leur niveau et à les apprécier.


...ou presque.
En entrant un peu plus dans le livre, on voit le talent de l'auteur pour la fiction. Ici pas de personnage principal : le personnage principal, c'est l'Enfer qui dévore la France. Une fois passé l'élément déclencheur, les péripéties s'enchaînent de manière crédible, et chaque arc narratif est bien ficelé et se lit très agréablement. On ne veut pas s'arrêter, on n'arrête pas de tourner les pages pour savoir ce qui arrivera à Vincent, au colonel, à Idriss et j'en passe... Chapeau bas à ce niveau-là et félicitations pour ce dernier personnage, qui même s'il est plutôt discret est tellement réussi.


La fin n'est ni géniale, ni décevante, mais sans importance.


Obertone n'a pas écrit ce livre pour raconter une histoire, mais pour faire passer un message. Et c'est là où les avis divergent. On peut voir son livre comme une ode au rejet de l'autre, à la xénophobie, au racisme... mais il faudrait être con.
Ce qui est critiqué dans le livre, c'est l'inaction, cette manie qu'ont les gens de se laisser porter par le temps, sans essayer de changer, ou au moins de participer au cours de l'histoire.


La France qui est décrite est flippante, mais réussit à faire sourire (alors que le ton d'écriture est globalement plutôt froid, les moments où l'on entend les médias sont assez caricaturaux voire même humoristiques et m'ont bien fait rire) ; c'est une grosse caricature du monde de la bien-pensance qu'Obertone hait au plus haut point.


Bilan. Si vous détestez tout le monde : lisez ce livre, il vous plaira. Vous êtes "pas raciste, mais..." : lisez ce livre, il vous plaira mais vous n'aurez pas compris ;). Vous êtes un "prophète de la bien-pensance" : lisez ce livre, il vous mettra une claque.
Dans tous les cas, lisez ce livre. Si vous arrivez à passer les 100 premières pages vous aurez fait le plus dur.
Le deuxième niveau de lecture est raté (après tout est relatif, peut-être devrais-je dire "Je n'ai pas accroché"), ce livre n'a rien bousculé en moi et n'est pas l'étincelle qui met le feu aux poudres comme je l'espérais. Mais l'histoire est bien, les personnages bieen moins nuls qu'ils n'en ont l'air ; il nous viendrait même parfois à se demander ce qu'on ferait à leur place. Au final, c'est peut-être qu'Obertone a réussi son coup :).

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le 15 oct. 2016

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