Autant le "Voyage au bout..." m'avait fait l'effet d'un uppercut littéraire lorsque je l'avais découvert alors que je n'étais qu'un lycéen de Première, autant la lecture de cet opus - édité suite à la rocambolesque affaire éditoriale que l'on connaît, m'a laissé de marbre.
Pour faire court : j'ai trouvé que la forme - toute innovante, sidérante et admirable qu'elle soit, celle-là même qui m'avait enchanté lorsque je découvris cet auteur il y a désormais plus de 30 ans - étouffe le récit à proprement parler. Si bien que le plaisir que l'on prend habituellement à se laisser porter par une histoire selon une courbe narrative et dramatique ascendante, se voit totalement occulté par la forme, sur laquelle je me suis souvent heurté.
Ajoutez à cela la présence de nombreux crochets qui indiquent que des mots ou des portions de phrases étaient illisibles sur le manuscrit original et n'ont pu être retranscrits, ou ces personnages qui changent de nom ou de sobriquet en cours de récit, la lecture n'a pas été de tout repos.
Bien sûr, il y a la verve, l'énergie lexicale, une inventivité du style et du rythme de tous les instants, mais j'ignore pourquoi, je n'ai pas été ébloui comme je m'attendais à l'être ; est-ce-que j'en attendais trop ? Est-ce-que je lis trop de livres en même temps pour savourer une oeuvre comme il se doit, la dispersion m'a-t-elle gâté ce plaisir de lecture ? Je l'ignore... Peut-être un peu de tout cela... En tous cas, ça ne m'a pas donné envie d'enchaîner tout de suite sur "Londres". Peut-être dans quelques temps... ou jamais...
Je devrais relire le "Voyage..." et voir de quelle façon j'y réagis aujourd'hui.
J'ajoute en outre que j'ai lu il y a quelques temps, le formidable "La peur" de Gabriel Chevallier qui s'est avéré - à mes yeux - LA dénonciation ultime de l'absurdité et de la bêtise crasse de la guerre, livre auquel - à mon humble avis, je le répète - ce roman de Céline n'arrive pas à la cheville.