Attendre le premier chant du coucou - une éternité !

Le livre se compose de 67 haïkus de Matsuo Bashô (1644-1694), illustrés d'estampes de Katsushika Hokusai (1760-1849). Le thème des poèmes est le Temps qui passe, égrené au fil des pages en trois parties : "Une journée", "Une année" et "Une vie".


Bashô est un grand voyageur :
- "Somnolant à cheval -
au loin la lune matinale
et des fumées de thé".
- "Quel réconfort !
mon cheval passe la nuit
près des épis de blé".


Il fraternise avec la nature, chante la terre, la mer et le ciel, les plantes et les animaux :
- "Lune éclatante -
je tourne autour de l'étang
toute la nuit".
- "Réveille-toi, réveille-toi
je veux devenir ton ami
papillon endormi !"


Matsuo Bashô définit ainsi le haïku : "La lumière qui se dégage des choses, il faut la fixer dans les mots avant qu’elle ne s’éteigne dans l’esprit." Les haïkus de Bashô sont aussi subtils que les estampes d'Hokusai. Ils évoquent une époque délicate et rude :
"Givre de minuit -
dormir avec le kimono
de l'épouvantail".


Ce sont des hymnes à la beauté des choses :
- "Le son de la cloche s'apaise
le parfum des fleurs
frappe le soir".
- "Neige sur neige -
ah ! cette lumière de décembre,
celle de la lune claire".


Ce sont des élégies au temps qui passe :
- "Branches de pin -
en une seule nuit,
trente années passées".
- "Bruyante grêle -
mon vieux corps
comme les vieilles feuilles d'un chêne".


"Haïkus du temps qui passe" est un beau livre au format modeste, mais précieux pour les yeux et l'esprit. Les estampes d'Hokusai représentent de vastes paysages stylisés, vigoureusement brossés, alternant les pleins et les vides, taches de couleurs et nappes de brume. Le bleu profond du ciel surmonte les collines cabrées, jaunes et rouilles et les touches vertes des forêts. Animaux et humains sont croqués dans leur vivacité, en vol ou dans un geste.
Traduction française de Makoto Kemmoku et Dominique Chipot.

lionelbonhouvrier
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le 12 sept. 2020

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