Hamlet en enfer
Hamlet au Paradis est une suite du Cercle de Farthing mais la série change d'optique générale. Là où le premier tome faisait la part belle à l'enquête, l'univers alternatif ne représentant qu'une...
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le 21 oct. 2017
Suite du Cercle de Farthing, l'action d'Hamlet au paradis se déroule à peine deux semaine après la fin du premier nommé. Il y est d'ailleurs de temps à autre fait référence aux personnages du premier opus, dont la fin était à certains égards ouverte, cela donnant une impression de continuité, impression renforcée par le fait qu'il existe des connexions entre les protagonistes des deux romans. Une vraie suite, quoi. Mais avec une nouvelle intrigue.
Et Jo Walton conserve, dans Hamlet au paradis, le principe d'une narration à deux voix (une narration impersonnelle des investigations de l'inspecteur Carmichael et une narration personnelle du personnage féminin principal) qui fonctionne encore parfaitement. Mais elle s'éloigne de l'hommage à Agatha Christie en proposant cette fois-ci, plutôt qu'un policier à énigme, une sorte de thriller, reposant sur une intrigue diablement bien construite et un suspens qui fait qu'il est vraiment difficile de décrocher lorsqu'on approche du dénouement. J'en suis ainsi venu à bout en trois jours, bien aidé il est vrai par le fait d'être en congés, d'une part, et par un épisode neigeux, d'autre part.
Le caractère uchronique se renforce également dans Hamlet au paradis. Jo Walton, qui est galloise, affiche ses sympathies pour la cause irlandaise et règle avec une férocité consommée ses comptes avec l'upper class britannique, mettant en exergue la totale compatibilité de ses modes de vie et de ses conceptions sociales avec les idéologies d'extrême droite. Et, à vrai dire, peu des personnages issus de ce milieu sortent indemnes, que ce soit physiquement ou moralement, de l'intrigue d'Hamlet au paradis. Qui, de par les nombreux parallèles qui sont fait avec la pièce de théâtre, prend par moment une dimension shakespearienne.
En sus, le lecteur a droit à une très belle histoire d'amour (impossible) et voit le personnage tragique du trop souvent velléitaire Carmichael prendre de l'épaisseur au fur et à mesure qu'il rencontre son destin, qui le mène sur une route totalement opposée à ses convictions humanistes. On pourrait y voir d'ailleurs une intéressante analyse quant à la manière dont des êtres humains, qui sont à la base loin d'être foncièrement mauvais, sont susceptibles de se laisser entrainer dans un système profondément barbare au point d'en devenir des acteurs majeurs.
Mais le troisième opus nous dira certainement ce qu'il advient de l'inspecteur Carmichael et s'il parvient à se réconcilier avec lui-même. Et je l'attaque, ce troisième opus, derechef...
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Créée
le 1 mars 2018
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