Agnès est assise à même le sol au pied de la paillasse où repose sa fille Judith. La fièvre est toujours aussi élevée, le bubon sur son cou a encore grossi. Elle essaye de retenir la vie à l'intérieur de sa fille. Les présages lui avaient dit qu'elle n'aurait que deux enfants, alors elle protège ses trois petits, elle s'interpose entre eux et la porte qui mène vers les griffes de la mort. Agnès sait comment chasser n'importe quel désagrément, n'importe quelle maladie. Elle devine ce dont le corps a besoin, elle décèle les âmes agitées. Certains disent que c'est un don, d'autres une malédiction.
L'auteur tient à le préciser, ce roman est une fiction qui s'inspire de la courte vie d'un petit garçon mort en 1596. le titre de ce roman est en effet trompeur, Hamnet le fils de William Shakespeare n'est pas le personnage principal de ce récit, Shakespeare lui-même n'est qu'une simple ombre que l'on devine parfois. le personnage central est bien Agnès la mère du garçon, la femme d'un dramaturge anglais.
Toute l'histoire tourne autour de cette jeune femme liée à la nature, elle connaît les plantes, elle lit dans les âmes, moitié sauvageonne, moitié sorcière. Dans une première partie, le récit alterne entre l'enfance campagnarde d'Agnès, sa rencontre et sa passion pour ce jeune précepteur et la vie quotidienne et domestique de l'épouse et jeune maman qu'elle est devenue. La seconde partie se recentre sur le deuil, la douleur et l'absence, et l'écriture devient sublime.
Un roman sur le chagrin, la culpabilité et l'amour. Maggie O'Farrell a l'art des descriptions, la propagation de la peste, l'agonie de la fragile Judith veillée par sa mère, la toilette du jeune fils décédé, toutes ces pages sont d'une grande beauté littéraire et d'une émotion intense. Un roman puissant sur la condition des femmes et des mères en Angleterre sous le règne d'Élisabeth I.
La couverture est magnifique, quand on la touche on a l'impression de caresser du velours.
Merci aux éditions Belfond et Babelio pour leur confiance