Être ou ne pas être séduite par "Hamnet" de Maggie O’Farrell, telle est la question !
Merci de l'avoir posée. Elle en amène une autre. Est-ce que le fait d'avoir été hermétique à la pièce "Hamlet" de Shakespeare a compromis mon appréciation de "Hamnet" ? Dilemme.
Contrairement à l'immense majorité des lecteurs (et tant mieux s'ils ont apprécié leur lecture), j'ai terminé ce roman assommée d'ennui et très dubitative. Je ne m'attendais pas à une biographie du grand Will et de sa famille, je ne m'attendais pas à une plongée historique dans l'Angleterre élisabéthaine, je ne m'attendais pas à grand chose de défini, n'ayant pas lu la 4ème de couverture mais je ne m'attendais pas à ce rythme lent censément poétique, à cette poignée de personnages qui tournent en rond dans leur maison familiale, encore moins à ce que Shakespeare ne soit jamais nommé, secret de polichinelle.
Ma lecture achevée, j'ai lu la 4ème de couverture et je cherche encore "l'écriture d'une beauté inouïe" promise par l'éditeur ; les éditeurs ne sont pas en reste dans le domaine des superlatifs, c'est leur job mais je suis au regret de dire que je n'ai pas été renversée par le style de l'autrice, plaisant tout au plus de mon point de vue. Sauf si rendre poétique une épidémie de peste (quel intérêt ?) est signe de talent, je peux même affirmer que Maggie O’Farrell m'avait fait meilleure impression avec "L'étrange disparition d'Edme Lennox".
De quoi parle "Hamnet" ? On sait peu de chose du Barde, de celui qui est encore aujourd'hui considéré comme le plus grand dramaturge de tous les temps : il avait pourtant une famille, père, mère, frères, sœurs, neveux et nièces, femme, deux filles et un garçon baptisé Hamnet.
L'autrice l'avoue elle-même en postface, elle a profité du flou biographique entourant Shakespeare d'un halo de mystère pour broder une fiction. Pourquoi pas ? Je n'ai rien contre, c'est même une très bonne idée. Là où ça me gêne un peu plus, c'est le côté huis-clos du récit.
Peu, mais alors vraiment très peu d'éléments sont offerts au lecteur pour conceptualiser l'environnement de cette famille. Les descriptions sont rares et se résument à désigner une cruche, une table, un lit, une cheminée. Les interactions entre personnages sont redondantes, figées et rares. Personnellement, j'aurais préféré en savoir un peu plus sur leur environnement social ou leur commerce plutôt que de lire dix fois les mixtures de plantes médicinales.
Le roman aurait encore pu me plaire nonobstant ces éléments si l'autrice n'avait pas plongé à pieds joints dans le pathos pour explorer le thème du deuil. Cela a eu pour effet de me rendre la narration plombée voire indigeste.
Je n'ai donc pas été convaincue par "Hamnet", il a manqué un je-ne-sais-quoi pour me le rendre crédible, intéressant et attachant. Je n'ai hélas ressenti que bien peu d'empathie pour les personnages, confrontés à l'un des plus grands fléaux de leur époque, sans doute en partie parce que leur rapport à la mort m'a semblé quelque peu anachronique.