Dans ce huitième roman, pour lequel elle a reçu le Women prize for fiction, Maggie O'Farrell invente et brode autour de la vie du fils de William Shakespeare, Hamnet, qui porte le même prénom que la pièce la plus célèbre du dramaturge. En effet, il n'y a aucune différence entre Hamnet et Hamlet. C'est le même prénom, totalement interchangeable. Mais rassurez-vous, si vous ne connaissez rien à Shakespeare et si vous n'avez pas lu Hamlet, aucun problème. Il en était de même pour moi. Ce livre est accessible à tou.tes. Pas besoin d'être spécialiste pour l'apprécier. D'ailleurs William Shakespeare n'est jamais nommé afin de ne pas charger le récit d’une présence qui pourrait être trop écrasante. Jeune il est le fils de son père, puis le mari d’Agnès et le père de ses enfants. C'est un personnage annexe du récit, contrairement à sa femme Agnès. Une femme hors-norme un peu étrange, au don de voyance et guérisseuse, qui est restée dans l'ombre de son mari écrivain et qui a souvent eu une mauvaise réputation. Un personnage intriguant et magnétique qui m'a immédiatement envoûtée. Nous sommes en 1596 et l'autrice s'est ici intéressée à ce petit garçon Hamnet qui a été complétement oublié par l'Histoire et dont très peu de gens connaissent l’existence. C'est un roman librement imaginé à partir de certains faits réels, qui lui permet des développements sur l'amour maternelle et sur le deuil. Le plongeon dans la vie quotidienne rurale de l’époque élisabéthaine est bluffant. L'écriture est puissante et sans fioriture. L'ensemble est très rythmé et la lecture totalement addictive. Le voyage littéraire est merveilleux, le monde créé est un poil onirique et s'apparente parfois au conte. On regrette qu'il ne dure pas plus longtemps.