Ray Carney tient un commerce d'ameublement, sa vie est paisible avec sa femme et ses deux enfants ; ce n'est pas un voyou, tout juste un peu filou, ça lui arrive de revendre des trucs, une partie de ce qu'il a en magasin a été volée. Mais lorsqu'il veut tirer son cousin Freddie du pétrin dans lequel il s'est fourré, Ray va se retrouver aux prises avec la pègre.
Colson Whitehead nous plonge au coeur d'Harlem en un flot d'actions où braquages et meurtres se succèdent. C'est un roman noir, mais c'est surtout un portrait d'un quartier, une ville dans une ville, haut lieu de la lutte contre la ségrégation. Il nous dresse dans une langue familière et colorée un tableau de l'Amérique des années 60. Les arnaques, les dessous-de-table, malfrats, flics, notables tout le monde collecte des enveloppes. Des personnages truculents, un récit haletant où humiliations, rancoeurs, vengeances, violence alternent sous fond d'émeutes. La langue ici est croustillante, c'est la langue de la rue, plus que par l'histoire en elle-même, j'ai été passionné par la description d'Harlem, de ses commerces, de ses combines, de ses règles, de ses révoltes et par le personnage de Ray, un antihéros savoureux simple marchand de meubles amoureux de sa famille et de son quartier.