Est-ce parce que son auteur est Japonais ou bien par son style mais j’ai trouvé à ce roman a un côté terriblement asiatique.
Après un évènement tragique qui a coûté la vie à de nombreux êtres humains sur la planète, la santé et l'intégrité des individus sont devenues les ressources mondiales prioritaires. Ce fameux cataclysme est suggéré, mentionné par l'auteur à de nombreux moments sans qu'on en sache vraiment plus. Cette nouvelle société bâtie sur les ruines de cet échec s'articule donc autour de la préservation de la vie humaine mais ce sont des compagnies privées qui se chargent de notre bien être. Lors du passage à l'âge adulte, les humains sont connectés à des réseaux qui se chargent de leur surveillance physique et interdisent tout comportement privé. La vie de chacun est inscrite en réalité virtuelle, impossible de cacher quoique ce soit si l'on souhaite rester intégré.
Trois jeunes filles adolescentes se questionnent et finissent par rejeter ce modèle en ce posant des questions simples, qu'est-ce que la douleur ? Pourquoi ne suis-je pas propriétaire de mon corps ?
Leurs parcours vont rapidement diverger et elles se retrouveront plus tard à l'âge adulte où chacune aura aménagé sa conscience différemment quant au rapport avec cette société de surveillance. Quelle place et quelle importance est réservée à l'individu dans une société globalisée où la surveillance est obligatoire ? Question typiquement Japonaise s'il en est.
Project Itoh nous offre un roman "aride", son récit semble se construire autour des scènes jouées par les différents personnages. En ce sens, le livre m'a clairement fait penser à un anime, ces moments où l'histoire se développe font avancer l'histoire, que ce soient par les dialogues ou les scènes "d'action" mais en dehors de ces périodes c'est le vide. Oubliez les descriptions des lieux où des protagonistes, le roman est condensé là où cela importe à l'auteur.
Evidemment le parallèle entre les nations fascistes et totalitaires des années 30 est rapidement fait, et l'auteur ne fait pas de secret à ce sujet. C'est clairement le propos du roman, l'abandon de la liberté individuelle au profit d'un confort, ici la santé garantie.
Ancien programmeur informatique, l'auteur propose son roman avec un formatage des pages en "ETML" – E pour Emotion - si cette coquetterie semble un artifice rafraîchissant et amusant pendant la lecture, à la toute fin on comprend que ce choix est tout sauf anodin, la surprise fonctionne.
Très agréable et facile à lire, "Harmonie" se dévore rapidement, du cyberpunk efficace et intelligent sans entorse au cerveau (coucou Gibson!). 9/10
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