Attention spoilers, même si je vais faire de mon mieux pour ne rien dévoiler.
Ouais mon titre est assez tranchant, et pourtant j'avais de l'espoir.
Je suis fan de la saga HP depuis que j'ai 10 ans, et j'en ai 15 de plus maintenant. Peut-être que si j'avais lu cette pièce au CM2 comme le premier, j'aurais été totalement fan. Mais maintenant que je suis plus vieille et que j'ai fait des études de lettres qui me permettent de décrypter minutieusement tout ce que je lis et regarde -de la pub télé à l'essai critique- ainsi que de nombreuses lectures et visionnages de films/séries, j'ai compris la trame dès la scène 2 de l'acte I.
Je ne remets pas en question le format pièce de théâtre, car j'ai toujours apprécié la dramaturgie, de Molière à Camus en passant par Ionesco.
Je ne remets pas en question non plus par cette pièce mon regard qui a changé, car je ne vois plus cette saga comme l'oeuvre parfaite. Beaucoup de pompage de ci de là, le thème de l'orphelin encore et toujours exploité...
Non, j'avais vraiment espoir de voir dans cette pièce un petit plus, car même si l'histoire était belle est bien terminée, sans queue de poisson, pas besoin de rajouter, quand on est fan, on apprécie toujours de revoir ses camarades imaginaires, avec qui on a grandi. Bref.
Les personnages:
- Je savais déjà que ça se passait à la même époque que l'épilogue, avec donc un trio adulte. Faire de Harry un père pas très doué, ok. Après tout, c'est pas parce qu'on a été l'élu qu'on devient super-papa. Qu'il soit très occupé par son métier, ça va aussi, c'est un auror, beaucoup de boulot.
- Ginny est normalement journaliste sportive pour la Gazette du Sorcier, en plus d'être une ancienne championne de Quidditch. C'est une femme active au caractère fort et têtu. Là elle est devenue un mère au foyer transparente, sans la forte personnalité qu'on lui connait. Où est passée la chef de la rébellion de Poudlard? Bah jme le demande encore.
- Hermione est devenue une patronne qui ne se rend même pas compte que sa fille lui ment, et en plus elle cache des objets interdits dans son bureau avec des énigmes que des gosses parviennent à comprendre. Si déjà dans les romans, l'intelligence d'Hermione face aux adultes était coriace, là c'est quand même elle qui se fait battre à plate couture.
- Ron est lui aussi transparent, toujours la quatrième roue du carrosse.
- Albus est un ado qui n'aime pas l'héritage familial, quoi de plus compréhensible et à contre courant de son popa qui a tout supporté de son terrible destin.
- Scorpius est lui aussi un ado qui souffre, fils de Drago, tu m'étonnes qu'il a pas de potes. Mais c'est un gentil garçon, et pour moi c'est lui le héros de cette pièce, pas Albus. Il a un peu plus de profondeur que les autres, de l'épaisseur d'un pot de yaourt quand les autres sont profonds comme des assiettes.
- Quant à Delphi, ce nouveau personnage est tellement évident que j'ai espéré tout au long de ma lecture me tromper. Hélas non.
L'Histoire:
- Trop rapide. Ce n'est pas parce qu'on est dans une pièce de théâtre et qu'on peut se permettre des ellipses temporelles qu'il faut faire passer l'acte I sur 3 ans! Trop d'approximations, de non-dit qui restent sans explication, de révélations trop vite pliées.
- Un méli mélo d’événements qu'on disait plus compliqués qu'un Doctor Who... faut pas exagérer. Personnellement je les ai vu arriver venir comme un éléphant qui court dans une savane vide.
- Des personnages sans profondeur, une seule dispute avec du sens, des incompréhensions et des dialogues un peu "confessions intimes"... ça se voit que l'auteure a des ados à la maison maintenant et qu'elle est peut-être elle aussi confrontée aux mêmes genres de problèmes.
- Un assemblage de différentes fan-fiction, comme pour vouloir faire plaisir et contenter tout le monde, tout en les pompant au passage; comme si c'était impossible d'inventer un nouveau raisonnement, une nouvelle trame...
Le coup des voyages dans le temps, c'est connu et utilisé. ça aurait pu être bien, mais finalement ça ne tient pas debout. Vouloir absolument sauver Cedric Diggory plutôt qu'un autre, pourquoi? Ce n'est pas comme s'il n'y avait pas eu plein de morts injustes autour de Harry, autre que Cédric. Faire également la pirouette du "tous les retourneurs de temps ont été détruits.. tous? non! Il reste un irréductible retourneur, caché dans le bureau d'Hermione, ohohohoh!" Oui ça fait Astérix.
Le polynectar qui se fait en plusieurs mois, d'un seul coup est déjà prêt au bout d'une journée? Il a été préparé à l'avance, direz-vous. Alors de quoi se poser des questions sur l'aspect non préparé des événements... entre autres.
En bref, cette pièce était vite lue (en une après-midi), dans sa version originale, qui me laisse sur ma faim. Une trame mignonnette, comme une envie de montrer des tranches de vie des sorciers, comme quoi même chez eux la vie n'est pas toujours marrante, surtout quand on est un Potter. Peut-être que la pièce à voir est plus plaisante car on est en immersion dans les effets spéciaux, mais le texte seul est du déjà vu dans de la fan-fiction de plus ou moins bonne qualité.