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Le texte :
Il y a du bon et du moins bon dans ce Hell.com, le second l’emportant tout de même au final sur le premier…
L’idée qui sous-tend tout le livre est plutôt intéressante brassant les concepts du bien et du mal, de la rédemption, de la culpabilité, du remord…
Daniel Saul est le PDG d’une des plus grosses entreprises immobilières du Canada. Son immense fortune lui permet d’assouvir, en toute impunité, l’ensemble de ses perversions sexuelles qui, sans être largement partagées par le commun des mortels, se bornent à l’échangisme sans tabous qu’il partage avec Marie, sa partenaire aussi bien au club l’Eden que dans son entreprise.
Puis surgit Martin Charron, tout droit de son passé de collégien, qui commence par nouer avec Daniel Saul des relations d’affaires avant de l’amener vers un site, Hell.com, qui lui ouvrira les portes d’absolument toutes les perversions, et pas que sexuelles, possibles et imaginables. Daniel deviendra lui aussi membre de ce site, endossant le rôle de Démon, à la recherche d’un pouvoir absolu sur les autres êtres humains, les Damnés. A partir de là, sa vie plus que bancale se mettra à sombrer, lentement mais sûrement.
Et c’est là que les faiblesses, ou plutôt les longueurs, apparaissent. Patrick Senécal a tendance à en faire un eu trop sur tout. Le livre est à mon sens trop long, frôlant les 600 pages, et certains passages ne se justifiaient pas forcément, traînant l’histoire en longueur et ne faisant que rajouter un nouvel exemple de perversion de Daniel Saul et de ses coreligionnaires du site Hell.com, une couche de plus vers sa descente aux Enfers, une couche de peinture noire supplémentaire sur une âme déjà assombrie par la personnalité qu’il était avant de retrouver Martin Charron et de croiser la route de Hell.com.
Patrick Senécal en fait aussi du coup un peu trop dans la description de la perversion des aficionados du site Hell.com et dans celle des possibilités offertes par le site. Etait-il nécessaire d’aller aussi loin ? Peut-être mais, encore une fois, l’auteur aurait pu s’économiser, et au lecteur donc, quelques scènes. Cette surenchère aurait d’ailleurs tendance à faire en sorte que le lecteur se détache de ces descriptions et n’y ressente pas tout le dégoût qu’elles devraient inspirer.
Enfin, Patrick Senécal n’y va pas de main morte avec la symbolique : Charron dans son rôle de passeur, Marie et l’Eden (un club échangiste tout de même…) dans le rôle de planche de salut pour la première et figure de péché véniel pour le second, Daniel Saul dans sa quête de rédemption et, telle une figure christique, en expiateur pour une partie de l’humanité, allant jusqu’à porter un nom si proche de « soul », l’âme en anglais, renversant tout de même les rôles en étant le père qui chercher à sauver son fils et non pas le père offrant son fils pour la multitude…
Beaucoup de bonnes choses dans ce roman mais chacune est trop poussée, trop délayée, trop développée, trop outrancière pour avoir une portée réelle sur le lecteur.