Ça m'apprendra à pas lire les couvertures correctement ! J'ai cru que c'était les mémoires d'Alexina B suivis d'une réflexion faite par Foucault autour du genre ! Que nenni !
Bon franchement c'était très intéressant minou. Tu vois, à la moitié du 19e siècle y'a une personne qui s'appellait Alexina B, née physiquement fille à première vue, qui après un parcours un peu tumultueux mais chanceux (pour l'époque) se retrouve dans un pensionnat pour jeunes filles. Elle y excelle dans beaucoup de matières, a une certaine disposition à l'écriture, est aimée de ses protecteur.ices adultes malgré une attitude un peu gauche et des remarques sur la différence morphologique en comparaison aves ses consoeurs.
Alexina est une jeune fille amoureuse de tout, passionnée, saisissant la moindre émotion et développant une attirance folle pour une amie. Attirance qui va les plonger dans une liaison interdite mais liaison tout de même, jusqu'à ce qu'Alexina ressente des douleurs physiques qui après de gros passages bien stressants, la conduise à un examen médical ... la définissant comme étant hermaphrodite à majorité masculine (physiquement). Les lois de l'époque l'obligeant à se conformer à sa nature biologique, celle ci devient donc homme et pour ne pas tâcher la réputation du pensionnat, des institutions (elle obtient un diplôme d'institutrice à 21 ans), on lui recommande de se terrer sans lui donner sa chance nulle part et ce, malgré une bienveillance feinte (on aimerait bien pouvoir faire mais les conventions font que bla bla bla...).
Bref, à l'âge de 29 ans, le "jeune homme" dépérit et finit par se suicider au gaz en laissant des écrits retrouvés par le médecin qui a constaté le décès.
Ce texte est suivi d'un autre texte, fictif lui, mais dont le personnage d'Alexina a inspiré la plupart des passages. Cette littérature "médico-érotique" a permis à Foucault de réfléchir sur la question du genre et ce qui pourrait le définir.
Évidemment, il y a beaucoup de choses qui font grincer des dents, c'est dramatique, révoltant. Mais cela permet aussi à Foucault d'enquêter sur "Herculine" pour laisser une trace autre que celle du destin tragique, à savoir ses vrais souvenirs en restituant son histoire.
J'ai adoré le premier texte. Le deuxième ayant certainement permis de "populariser" l'hermaphrodisme et surtout permettre de le situer dans sa confrontation avec l'Eglise.
À noter qu'au Moyen-Âge, bien avant la naissance d'Alexina donc, on laissait le choix aux personnes hermaphrodites de choisir leur sexe véritable sans tenir compte de leur nature physique avec pour condition de ne plus changer d'état civil après.
(comme quoi certaines idées moyennageuses sont plus progressistes que des idées plus récentes).
Bref, à se goinfrer tant que le sujet nous intéresse of course. Pour ma part c'était un régal de curiosité et d'ouverture d'esprit.
Gros oui !