Marguerite Stern raconte son parcours, de son enfance à la campagne à son aventure FEMEN, de sa vie dans les squats au début des collages contre les féminicides qu’elle a initiés.
Héroïnes de la rue est un témoignage, qui raconte des engagements et des méthodes de combat, toujours ancrés dans un vécu intime, c’est ce qui m’a beaucoup plu. Marguerite n’a pas la prétention de nous refaire les grands discours sur la nécessité du féminisme, et les quelques chapitres dans ce sens sont peut-être de trop, car tout est dit. Elle nous parle de son vécu, de frustration, de rage, de révolte et de mise en branle d’un militantisme ancré dans l’espace public (FEMEN, les collages). Plus elle a peur et plus elle avance, déterminée, obligée même.
Pour moi le gros bémol de ce livre, c’est qu’on sent qu’il a été écrit dans l’urgence : on est dans le parlé, un manque de structuration évident, une forme de hâte qui ne sert pas les réflexions. Certains chapitres sont construits sans ligne directrice claire, c’est dommage parce qu’en prenant le temps, ça aurait pu être un essai plus construit, ou un récit de vie plus important et encore plus inspirant. Je suis restée sur ma faim sur les aspects militantismes, mais j’imagine que l’éditeur voulait une sortie « à chaud ».
Quant à l’écriture « à la féminine universelle », si elle m’a dérouté au début, elle ne m’a pas dérangé : c’est un exercice de pensée intéressant, j’ai du mal à croire qu’on puisse l’utiliser dans la vie réelle, mais j’en vois la force politique. Il y a quelques usages qui agressent clairement mon oreille (les adverbes, les participes passés écorchés), mais tout ça n’est qu’une question d’habitude… « Elle était une fois » : que c’est beau !
Enfin, le chapitre sur le mouvement des collages anti-féminicides m’a ému et exalté : encore une fois, la sororité nous sauvera. Un livre avec ses défauts, mais qui parle avec le coeur, et le corps.