Irene revient sur un ouvrage révolutionnaire en racontant la vie de sa grand mère - qui a travaillé comme modiste, a fait de la prison - et plus globalement de sa famille : l'intime est politique, ça devient redondant mais il semble qu'il faille toujours le répéter. Abandonner son enfant parce qu'on n'a pas les moyens de l'élever, c'était le quotidien politique des femmes il y a moins d'un siècle. Dans la même nécessité de retranscrire les parcours de femmes en luttes comme l'ouvrage "Révolutionnaires" aux éditions du commun, ce livre est un temple d'amour pour les révolutionnaires d'aujourd'hui. Irene propose une féminisme anticapitaliste, antifasciste, antiraciste et décolonial.
J'ai beaucoup apprécié le fait qu'Irene met beaucoup en avant que l'anarchisme est une conscience politique qui vient de l'émanation d'une nécessité crue, d'une sentiment profond "qui prend aux tripes" en reprenant Casilda Hernaez Vargas. Ce sentiment, c'est l'espoir. C'est ce qui nous distingue des conservateur.ices bien pensant.es dominant.es. Elle évoque aussi Louise Michèle, Clara Zetkin, Voltairine de Cleyre que j'ai très envie de lire depuis longtemps.
D'une certaine façon, Irene relit fascisme et patriarcat quant elle écrit que la mort n'existe pas si on n'oublie pas les personnes, les femmes, les minorités : "Un silence imposé par les lois de la dictature. Un silence causé par les traumatismes de la guerre. Un silence qui a mené à la tombe un nombre incalculable de souvenirs pour toute une génération Si les souvenirs sont maintenus en vie par la parole, ne pas parler revient à tuer cette mémoire, à l'éteindre, à la condamner à l'inexistence".
Elle retrace l'histoire des femmes, l'industrialisation du textile et rappelle que les femmes ont toujours travaillé en tant qu'ouvrières pour la production capitaliste. On apprend même que Sylvia Pankhurst a demandé à ce que les femmes au foyer soient considérées comme faisant partie de la classe ouvrière ! Elle critique ainsi le féminisme libéral et propose de se positionner contre parce qu'il ne se positionne pas contre le pouvoir mais avec. Aussi, avec le feminism-washing, on voit des entreprises comme Nana, Tampax ou Always polluer nos chattes : en 2012, Lauren Wasser s'est vue amputée de 2 jambes après le syndrome du choc toxique. Le collectif Georgette Sang a milité pour baisser la TVA de 20% à 5,5% sur les protections hygiéniques : mais depuis, le prix des serviettes est resté le même.
Irene critique la prison qui est un outil de répression au service du pouvoir : les vrais criminels déambulent dans les rues, paisiblement. de nombreuses femmes ont été arrêtées ou tuées ou enfermées pour des motifs politiques. On assiste a une criminalisation comme l'a étudié Didier Fassin : on enferme et on crée de nouvelles raisons d'enfermer. Elle écrit : "Le racisme, le patriarcat et la violence de classe sont donc les conditions essentielles à la survie des prisons." Irene critique aussi le fascisme et des vols d'enfants qui ont eu lieu durant la dictature franquiste ou le fait simple que les nazis étaient anti-avortement. Aussi, disons-le clairement : " LE FASCISME EST MISOGYNE". Merci bonsoir.
C'est quoi alors un féminisme anarchiste ? Caractérisé par l'utopie - coucou Emma Goldman - et le refus d'autorité. Former les personnes sexisées dans différents domaines pour les rendre aptes à lutter pour leur libération. Comme disait Fernando Biri : A quoi sert l'utopie ? A avancer.
Faisons propagande par actes ! comment justifiez-vous de ne pas être anarchiste ?
Citations :
Si dans les mouvements de gauche, la lutte contre le patriarcat est souvent perçue comme secondaire, il y a dans le mouvement féministe toute une branche négligeant la lutte contre le capital, bien que le capitalisme soit inhérent à l'oppression patriarcale contemporaine.
Pour qu'une femme accède au pouvoir, il faut qu'il y en ait d'autres, une immense majorité qui continuent de subir le poids de l'oppression. Réformer le système, ce n'est pas abolir le patriarcat, c'est changer le visage de l'oppresseur.
En défendant le système capitaliste, elle ne se positionnent pas du cté des personnes sexisées mais bien de celui des hommes de leur classe.