Dans mon entreprise de lire les surréalistes, je suis tombée sur ce premier tome de Mémoires de l'Oubli, l'autobiographie de Philippe Soupault. Soupault a fait partie du mouvement Dada à son émergence, puis a écrit à deux mains les Champs Magnétiques avec André Breton. J'imagine de plus en plus le mouvement surréaliste comme une ébullition de gens révoltés, plongés à corps perdus dans l'écriture ou la peinture, comme une impérieuse nécessité.
Histoire d'un Blanc se concentre sur les trente premières années de l'auteur, entre 1897 et 1927. On y lit son ennui et désintérêt général pour tout, puis la Grande Guerre. À partir de là, Philippe Soupault rend hommage à son Panthéon personnel : le Comte de Lautréamont, précurseur sans le savoir du mouvement surréaliste, et que Soupault adore dans un chapitre plein d'emphase ; Apollinaire le vénérable poète ; le Douanier Rousseau ; et Jacques Vaché, la comète surréaliste.
Dans ces derniers chapitres, Soupault prépare donc tranquillement le terrain pour nous conter l'émergence du mouvement surréaliste, côté coulisses.
Ces Mémoires de l'Oubli sont autobiographiques, c'est ce qui en fait toute la richesse : comprendre le mouvement de l'intérieur, grâce à une voix poétique et incarnée. J'ai adoré le contraste entre le morne de son enfance et l'éclatant découverte de la poésie et de ses auteurs préférés. Le voir entrer dans ce cercle de jeunes révoltés qui expérimentent ensemble des formes d'expression révolutionnaires, ça m'a donné envie de me mettre à l'ouvrage, pour que moi aussi "une série de phrases irrésistibles coulent de mon crayon comme des gouttes de sueur". Vite la suite !