Du culte callipyge à l’ode à la femme.
Dominique Maes nous invite ici à revoir notre vision de la femme. Voyage entre le charnel et le philosophique.
J’écris ici « Femme » volontairement avec un « F » majuscule au même titre que l’on en écrit un lorsque l’on parle de l’ « Homme » en tant que genre humain. Je pense que c’est dans cet esprit que Dominique Maes a écrit les deux nouvelles composant son ouvrage.
« Les fesses de Sidonie vous attendent et feront votre bonheur. » Tout est dit mais tout est aussi à redire. En effet, pourtant chronologiquement loin des antiques célébrations païennes de l’Alma Mater, un culte quasi primitif (et freudien) naît et se développe avec la venue de l’héroïne. Jeune, elle devient l’objet de toutes les vénérations. Elle possède une caractéristique qui met tout le monde d’accord, hommes ou femmes, jeunes ou vieux : son postérieur. Ainsi, il est décidé que ce don de la nature ne doit pas rester l’apanage de privilégiés mais être platoniquement partagé avec le plus grand nombre.
Du fantasme à une hypothétique réalité, il n’y a parfois qu’un pas que l’auteur ne franchit pas. Faisant fi de toute plausibilité, nous voilà partageant le parcours ascendant de Sidonie. Impavide (on ne l’entendra pas proférer un seul mot de toute l’histoire), elle se laissera porter par les désirs de ses mentors. A ce stade de l’idolâtrie, la limite du contact physique, ne sera pas franchie (hormis bien sûr par le compagnon de l’héroïne). Ce contact physique, quand il aura lieu, sera même dûment réprimé. Ainsi ici, même dans l’histoire, le fantasme reste un fantasme. C’est la force de l’écrit de Dominique Maes.
« Lettre de l’Homme à la Femme » est le titre de la seconde nouvelle. Ici, c’est l’auteur qui d’emblée écrit « Femme » avec une majuscule. Cela n’est pas innocent. Sacha Guitry, dans son rapport à la femme allant de la misogynie brute à la déférence la plus élogieuse, aurait aussi pu l’écrire ainsi. Mais Guitry me fait d’abord sourire puis réfléchir. Dominique Maes me fait d’abord réfléchir puis sourire…
Loin de vouloir régler des comptes, l’auteur partage avec le lecteur sa propre vision des rapports hommes/femmes. Personnellement, j’aime émettre l’hypothèse, rarement exprimée, que si l’Homme (masculin) a, de tout temps, développé moult stratégies pour maintenir la Femme tant que faire se peut en position d’inégalité sociale et familiale, c’était par peur. « […] je me suis agenouillé devant le mystère de votre ventre. Il m’a terrifié. » nous dit l’Homme primitif.
Pourtant, nous sommes loin ici des prises de position féministes et radicales de, par exemple, la fin des années soixante. En effet, l’auteur nous parle de la nécessaire différenciation à faire entre les hommes et les femmes (et vice versa). Mais c’est seulement pour mettre en valeur les aspects enrichissants et constructifs de la relation entre les deux genres humains. De l’amende honorable à l’hommage, cet écrit peut en faire réfléchir plus d’un. Et plus d’une!
Eric Dekaise
MAES, Dominique. Histoire de culte. Esneux [Belgique] : Murmure des soirs, 2012. 93 p.