Le duo Adeline Gargam et Bertrand Lançon propose une approche un peu inhabituelle pour caractériser notre société patriarcale : ils étudient son aspect profondément misogyne.


Miso-quoi ?

Misogyne (source Larousse) : Qui éprouve du mépris, voire de la haine, pour les femmes.

Souvent femme varie, bien fol est qui s'y fie.

Une société Misogyne ?

En 10 chapitres, les auteurs soutiennent - documents à l'appui - en quoi notre société occidentale ne se contente pas d'asseoir la domination des hommes. Elle est concomitante à la dépréciation des femmes.

Les lecteurs constateront à quel point l'homme utilise la misogynie pour discréditer les qualités féminines et ainsi prendre le pouvoir. L'ouvrage aborde ainsi de nombreux thèmes variés tels que :

- les mythes antiques,

- les textes philosophiques et religieux,

- la grammaire ("le masculin l'emporte !"),

- la médecine ou du moins ce qu'en disent les hommes,

- le Droit, qu'il soit civil ou religieux.

A titre d'exemples, en France, l'ouvrage reprend et analyse le fameux droit salique mais aussi comment le très polémique et conflictuel Napoléon Bonaparte a assis son Code civil en déconstruisant la toute jeune égalité entre les époux (datant de 1789). Il renvoie ainsi la femme à une mise sous tutelle datant de l'antiquité grecque et romaine.

La force est au mari, la faiblesse à la femme.

Encore au XXIème siècle, hélas...

A l'arrivée, l'ouvrage est très documenté et peut difficilement être taxé de partial.

Son scolaire universitaire est d'ailleurs son meilleurs atout car il ne laisse aucun thème de côté.

C'est sans doute pour cela que la démonstration se fait plus rare à partir du XXème siècle, la misogynie étant moins bien tolérée que ce soit dans les Médias ou en Politique (dernier chapitre qui laisse présager un monde meilleur...).

Pour autant, les auteurs n'ont pas manqué de relever que :

- le droit des femmes à participer aux Jeux Olympiques a été un long combat de plusieurs décennies, et ce n'est pas grâce à Coubertin qui a refusé leur participation jusqu'en 1929 ;

D'imparfaites doublures qui n'y gagneraient rien, ni pour leur charme, ni pour leur santé.

- dans le florissant business de la pornographie, les femmes en sont réduites à des culs ou des seins, bien loin de l'amour courtois ou même de l'érotisme.

- la France demeure un des pays européens dans lequel les comportements misogynes sont encore le plus légion.


Pour accréditer cette thèse, je finirai par citer le rapport annuel (lien web) du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes qui prouve que le sexisme est culturellement ancré en France, que ce soit chez les hommes mais aussi chez les femmes :

- 9 % des femmes et 13 % des hommes considèrent que les hommes sont plus forts en mathématiques ;

- 16 % des hommes pensent encore qu’une femme agressée sexuellement peut en partie être responsable de sa situation.

Déprécier l'autre jusqu'à lui retirer ce qui fonde son droit à son identité de femme, n'est-ce pas la définition du mépris et de la misogynie ?


Raider55
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le 1 oct. 2023

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