Comment a-t-on pu savoir si tardivement l'objectif précis et systématique du Troisième Reich et ses méthodes d'extermination des Juifs d'Europe ? Pourquoi sa réalisation a-t-elle été accompagnée d'un halo si lourd de silence ?
Si le projet de Hitler était clair, son mouvement a été repéré, en Europe, assez tard. L'objectif premier était l'exclusion de la fonction publique, le parcage dans des ghettos, puis la déchéance de citoyenneté, mesures déjà lourdes.
L'idée d'extermination a posé problème, quant à son application. La première grande étape, déjà de taille, a été d'exterminer les Juifs d'Europe, essentiellement en Pologne et en Russie. Ensuite, une fois cet objectif fixé, les choses se sont emballées assez vite, l'année 1942 ayant représenté le tournant, avec une élimination de masse par gazage, non seulement en camps, bien sûr, mais également par camions, les gaz d'échappement étant réintroduits dans le contenu du véhicule.
A la libération des camps, si les Juifs étaient majoritaires à y rentrer, leur proportion au sein des libérés était infime.
Les puissances neutres, qui savaient, se sont tues, officiellement pour protéger les populations locales, officieusement par complaisance ou crainte. C'est ainsi que la Suisse, le Vatican et la Croix-Rouge n'ont pas fait de déclaration ouverte.
Les procès d'après-guerre, celui de Eichmann étant l'un des plus marquants, ont permis de quantifier l'ampleur du désastre, environ 5,5 millions de personnes juives exterminées.
Ce petit livre ne se fourvoie pas dans le sensationnalisme ni la description sordide. Il s'agit bien d'un travail d'historien, dont les finalités sont l'objectivité et, ici plus particulièrement, la synthèse des éléments, nombreux et complexes à retracer, des interrogations restant en suspens.
Il est donc très didactique et permet l'ébauche d'un devoir de mémoire. Il est très utile.