Lisey c'est une femme qui a aimé son homme pendant 25 ans. Elle a vécu a ses côtés. Dans son ombre. Dessus. Dessous. Dans son quotidien. Dans ses rêves. Dans ce monde. Dans un autre.
Lisey a failli perdre son mari plusieurs fois. Elle a su le maintenir en vie. Et lui a su rester. Jusqu'à ce jour où il disparaît, et la laisse là. Seule. Avec peut-être un jeu de piste en héritage. Une grosse blague, ou juste un gros coup de mou pour Lisey qui ne sait plus que penser. Qui hésite entre croire en ses souvenirs et juste se perdre dans la folie.
Ce que vous lirez dans toutes ces pages, ce n'est pas un auteur qui dévoile son intimité matrimoniale par le biais d'un roman. Pas de mise en abyme. Pas de d'autobiographie assumée... Ça reste impudique, certes, mais king ne montre pas son cul. Il montre son cœur.
C'est une grande histoire d'amour racontée de l'intérieur. Une anatomie de l'intimité (dé)montée de toute pièce. Racontée par le menu. Juste pour nous faire comprendre a quel point le deuil de Lisey est douloureux. Il y a de la noirceur, des larmes et des tripes qui se tordent quand Lisey endure son chagrin. Et quand le sort en rajoute encore dans la torture. Tout du long, vous ne la verrez que se souvenir, espérer, pleurer, crier, trembler, et même saigner...
C'est une grande histoire d'amour très simple en fait. Contrairement a ce que j'ai pu lire ici ou ailleurs. La mort. Le deuil. La complicité rompue. L'espoir. L'oubli. C'est tellement beau raconté par le King. C'est tellement noir. C'est tellement flippant.
Stephen King m’accompagne depuis plus de 25 ans moi aussi. Il m’a terrifié avec ses histoires a la con de singes a cymbales à cinq balles, ou ses clowns de foire de bazar...
Ses tâches noires dans le lac, ses biblioflics, ses mangeurs de temps...
Puis y a eu le jeu de Gérald qui m'a sorti de ces peurs enfantines, ou le cruel monologue de Dolorès Claiborne...
Et puis la gamine dresseuse d'ours est arrivée, et j'ai su que tout serait différent et surtout plus adulte.
Aujourd'hui je suis un peu en deuil moi aussi, parce que le pavé (dans sa mare?) ultime est arrivé. Il s'appelle "histoire de lisey" et c'est le meilleur de King. Je trouve ce qui suit soit trop verbeux et prétentieux (22/11/63), soit trop régressif (docteur sleep?).
Gardez ce bouquin! Vraiment! Relisez le à l'occasion. La cime de son œuvre est là, d'où vous aurez une vue imprenable sur son jardin secret, à minuit deux ou minuit quatre, par nuit noire étoiles mortes, ou juste avant le crépuscule.