Gilles Ménage s'offre un petit péché mignon en rédigeant cet ouvrage au XVIIe siècle. En effet, en réalisant un appendice aux Philosophes Illustres de Diogène Laërce, Ménage ne peut ignorer qu'il obtiendra une certaine immortalité. Malheureusement, ce dictionnaire des femmes philosophes, s'il n'est pas le premier, du moins en est-il un des rares à affirmer une telle volonté d'émancipation, restera dans l'ignorance des foules pendant des années et il faudra attendre le début du XXIe siècle pour obtenir une traduction française, loin de son origine latine.
Preuve s'il en est que nos amis latinistes peuvent encore traduire bien des beaux secrets oubliés.
Le recueil est bref, une petite centaine de page. La majorité des informations sont rapides et Ménage, pour grossier l’œuvre n'hésite pas à digresser sur la vie de ceux qui nous ont transmis les informations. Ménage fait le choix d'une division non temporelle mais scolaire : selon l'école d'appartenance. Cette division en vaut une autre.
On regrettera évidemment que les informations ne soient pas plus poussée, qu'on ne parle guère d'œuvre ou qu'on ne dise ce qui est perdu et ce qui est trouvable. Forcément, ce travail est celui d'un historien de la philosophie avant la naissance même de l'Histoire de la philosophie !
Bien que court, et forcément illisible d'un bloc par le format même du dictionnaire, ce livre a le mérite d'exister et de rappeler le souvenir de tant de femmes oubliées ! Si bien sûr, on songera vite à Héloïse, Arétè et Hipparchia, on sera heureux de retrouver beaucoup d'autres femmes totalement méconnues du grand public et même d'un certain public connaisseur : Catherine, Hypathie, Cléobuline, et bien d'autres.
Un livre qui peut provoquer des vocations de chercheur.se !