Coup de coeur
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le 18 oct. 2020
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Né à Paris en 1924, de père inconnu, André est confié par sa mère Gabrielle à sa famille du Cantal. Il est élevé par sa tante Hélène et le mari de cette dernière, au milieu de ses cousines, dans un foyer aimant que sa mère ne rejoint que le temps des vacances. Le mystère de sa naissance n’en creuse pas moins discrètement son trou noir dans la tête et le coeur d’André…
Comme autant de photographies aux teintes sépia, douze journées, évoquées dans le désordre, suffisent à Marie-Hélène Lafon pour dérouler un siècle. S'y inscrit l’histoire d’un homme, qui, dans l’affection d‘un foyer attaché à combler le vide d’un « père fantôme » et d’une « mère lointaine et intermittente », s’est construit à l’ombre d’un secret de famille, omniprésent mais toujours occulté dans une sorte de pudeur bienveillante. Une profonde mélancolie imprègne ce texte tourné vers le passé, celui de la reconstitution de toute une existence à partir de quelques bribes, dont l’évocation en pointillés permet peu à peu au lecteur d’en saisir le dessin d’ensemble, et surtout, d’y entrapercevoir les profondeurs cachées derrière les décennies de non-dits. Car peu est formulé mais tout se devine et se ressent, dans une narration qui, en relatant la surface visible des évènements avec la plus grande économie d’effets, parvient à faire prendre au lecteur toute la mesure des silences et des pudeurs, des blancs et des demi-teintes qui ont pavé la vie de trois générations.
Rien de spectaculaire dans ce récit de l’ordinaire, mais la restitution profonde et sensible, dans une langue limpide et précise, de la trajectoire de vies enfuies, bâties autour des drames du quotidien, dans un sillon de joies, de tendresse mais aussi de souffrances parfois invisibles, et dont la seule trace perdure dans quelques photographies, des dates dans un cimetière et l’émotion des vivants.
Créée
le 2 mars 2021
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