L'histoire de l'art, ça vous paraît être un truc d'intello obscur ? En lisant ce livre, deux constats : oui, et non. Parce que la profondeur des analyses est telle qu'elle laisse bouche bée (voire un peu sceptique parfois, parce que bon quand même ça semble tiré par les cheveux, même avec une argumentation solide), mais en même temps elle éclaire toute une oeuvre, toute une histoire, toute une culture - et tout devient clair.
Argument d'autorité sur l'éminence de Daniel Arasse : celui-ci détruit les belles explications de mon prof d'histoire des arts (je suis en prépa, histoire de vous donner une idée du niveau) sur quelques points, notamment les sourcils de la Joconde (inexistants) ou le portrait de Platon en Léonard dans l'Ecole d'Athènes (qui n'est apparemment pas Léonard).
Et non seulement c'est extrêmement érudit, mais c'est en plus passionnant. Accompagné des reproductions de la plupart des tableaux, c'est très intéressant à lire, on se surprend à chercher à expliquer chaque détail de telle ou telle oeuvres ou à se passionner pour le rôle de la luminosité chez Vermeer ou la perspective convexe des Flamands. On sent également le profond amour et respect qui suinte de tous les développements d'Arasse.
Comme je le disais plus haut, ça semble parfois exagéré : en même temps, un autre talent de Daniel Arasse est d'être d'une grande lucidité sur son travail et de parler de "la possibilité de l'interprétation", qui est là, même si rien n'est certain. C'est d'autant plus plaisant à lire. Ca se lit comme un roman ou presque, et ça donne envie, tellement envie d'en apprendre plus et de voir les oeuvres.
Une véritable réflexion pédagogique, doublée d'une ode à la peinture.
A lire, que vous soyez novices ou amateurs !