Pas tant que ça... Mais bien quand même !
Sur le papier, elles avaient tout pour me plaire, ces histoires extraordinaires. Ce livre avait même le profil idéal pour devenir une référence à mes yeux. Sans aucun doute, Edgar Poe était un homme intelligent, passionné et très cultivé ; et autant il est impossible de ne pas reconnaitre son talent ou la qualité globale de ce recueil de nouvelles, autant j'ai été tout de même un peu déçu, refroidi sans doute par une écriture un peu "pompeuse" et alambiquée. Comme si l'auteur aimait à se regarder écrire, comme certains adorent s'écouter parler. Son attrait pour les sciences déteint parfois exagérément sur ses histoires, comme dans les "Aventures extraordinaires d'un certain Hans Pfaal" où sur quelques passages, on frise l'indigestion de termes savants, voire l'ennui.
Les nouvelles se succèdent donc, des plus connues ("Double assassinat dans la Rue Morgue", "Le scarabée d'or") aux plus anecdotiques, qui ne sont pas pour autant les moins intéressantes. A chaque page, Edgar Poe repousse les limites, flirte avec les frontières du fantastique, des sciences occultes, de la peur, du mysticisme. On le sent convaincu de la toute-puissance de la nature, fasciné par le rêve, la mort, les altérations de la conscience, les histoires, les animaux légendaires (comme dans "Metzengerstein" et son cheval de cauchemar). Et c'est justement sur les trois dernières nouvelles, où il s'affranchit de son esprit scientifique, qu'il devient réellement passionnant.