Je crois qu'avant même d'avoir ouvert Home de Toni Morrison, j'étais fermement décidé à en raffoler. Pas de ce roman en particulier mais de toute oeuvre de l'auteure américaine, lauréate du prix Nobel de littérature qui semble avoir consacré une partie importante de son oeuvre à l'identité noire dans une Amérique ségrégationniste.
Je ne pouvais qu'aimer et de fait je n'ai pas détesté, loin de là, mais une forme de distance s'est rapidement installé entre moi et les quelques personnages quelque peu sous-exploités d'un roman au format court et à la narration polyphonique. L'écriture est franchement belle et dégage une atmosphère à la poésie noire mais le style aux accents lyriques rend le récit aux ressorts clairement réalistes, presque irréel, voire vaporeux, comme si Toni Morrison ne souhaitait pas faire peser sur le lecteur toute l'étendue du drame qui se noue.
Frank, un noir américain brisé par la guerre de Corée, traverse le pays pour secourir sa jeune soeur en mauvaise posture. Le propos est dur, j'ai eu la sensation de le réaliser à sa pleine mesure au dernier chapitre. L'expédition libératrice entre frère et soeur est d'une grande force émotionnelle et symbolique.