Bon travail, décevant en regard de la couverture de l'exploration antarctique ou arctique par d'autr
Publié en 2009 (en 2010 en France), ce sixième roman de l'auteur du remarquable "Stade de Wimbledon" (1983) est réussi, mais néanmoins décevant par effet de comparaison.
Mêlant récit contemporain de voyage en Patagonie et en Antarctique et "réécriture" des compte-rendus des expéditions aux confins du pôle Sud de Bove et de Gerlache, à la fin du XIXème siècle, l'auteur nous fait partager sa fascination pour ces lieux désolés et pour la dernière "terra incognita" du globe, un peu à la manière d'un Olivier Rolin. Et on adressera au passage un clin d'œil attristé aux indiens Alakalufs mis en scène si magiquement par Ariane Mnouchkine dans "Les naufragés du Fol Espoir".
"Pour prendre les œufs, il fallait soulever et mettre sur le côté les animaux qui essayaient de les retenir en glissant les pieds joints sur la glace. Il y avait de la tempête et on ne voyait presque rien. Jeremy déplaça un manchot, allongea la main et sentit quelque chose d'ovale et de froid. C'était un œuf, oui, mais de glace. Parfaitement modelé. Le manchot avait perdu son œuf, il avait honte, il s'en était fabriqué un faux."
"Dehors il neigeait doucement, la température était d'une dizaine de degrés au-dessous de zéro et le silence auraient été complets n'étaient-ce les aviateurs qui accoouraient ; la baraque qui faisait fonction d'hôtellerie près du hangar avait une poignée à ressort comme celles des chambres froides et gardait à l'intérieur une chaleur asphyxiante et une petite foule aux langues diverses : beaucoup de races, des savants en transit, des militaires nerveux, des météorologues déprimés, on aurait dit le bar interplanétaire d'un film de science-fiction."
Là où le bât blesse pour "Horizon mobile", c'est que sur des prémisses voisines, il existe déjà plusieurs oeuvres d'un tout autre calibre : "L'odyssée de l'Endurance" de Shackleton, modèle même du récit fort de voyage polaire, et en fiction, le formidable "Antarctica" de Kim Stanley Robinson, intégrant comme à l'habitude de l'auteur une énorme masse documentaire en un récit cohérent, et surtout - chef d'œuvre - le complexe et torturé "Les fusils" de William Vollmann, qui fait paraître bien pâle le travail de Del Giudice...