Salthill-on-Hudson, délicieux petit village pour américains fortunés sur les bords du fleuve non loin de New York. Adam Berendt, sculpteur décède brutalement en portant secours à une fillette tombée d'un voilier régatant sur le fleuve. Adam, âgé d'une cinquantaine d'années, jadis excellent nageur, n'est plus en très grande forme et a surestimé ses forces. Pris d'un malaise cardiaque, il se noie.
C'est la consternation des riverains et amis d'Adam. Apprécié des maris et adoré par les épouses toutes éperdument amoureuses de lui malgré son physique ingrat. Les hommes regrettent un ami cher (mais paradoxalement jamais proche, jamais intime). Les femmes pleurent et, totalement perdues, affirment toutes qu'Adam les aimaient (d'un amour jamais consommé).
Marina Troy, propriétaire d'une petite librairie « pittoresque » et d'une non moins petite maison dont un homme pouvait toucher les mûrs opposés en écartant simplement les bras, est exécutrice testamentaire aux côtés de Roger Cavanagh, avocat. Une saga dans laquelle le lecteur suit leur destinée ainsi que celle d'Augusta et Owen Cutler, de Camille et Lionel Hoffman et d'Abigail Des Pres. Destinées bouleversées par la mort du seul personnage atypique, du seul homme indifférent aux conventions sociales régissant ce petit monde bourgeois étriqué et jouissant d'une réelle aura parmi les « siens » : Adam, devenu une ombre diffuse, lointaine, mais omniprésente.
Joyce Carol Oates signe une nouvelle critique sociale de ce milieu ultra favorisé du Nord-est des Etats-Unis qu'elle connaît si bien. Amour, attentes, rêves, déceptions, mesquineries, jalousie, adultères sont au menu. Où le « paraître » a une importance cruciale.
Comme toujours une écriture magnifique, à la fois narrative, descriptive mais très vivante. Des personnages très fouillés et bien campés dans un récit découpés en trois parties : l'abattement, l'affolement suivant la mort du sculpteur, l'éclatement de la bulle douceâtre de Salthill et la rédemption finale.
De nouveau un très bon livre de l'auteure et grâce auquel j'ai passé un très bon moment, même s'il ne classe pas parmi mes préférés.
BibliOrnitho
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le 21 juin 2012

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