Je voulais découvrir Amélie Nothomb qui se trouve être l'une des auteures les plus prolifiques (à défaut de talentueuse) de la littérature Française actuelle. Je me doutais que j'allais un peu coincer, mais j'étais loin de m'attendre à une purge. J'en suis venu à me demander comment, on pouvait être amené à apprécier ce roman qui pour moi est mauvais de A à Z, du style en passant par le scénario. Par quoi commencer donc? Les dialogues...
Ce livre étant exclusivement basé sur des interviews, on se retrouve avec un bon 80% de dialogues. Sauf que... Ils sont terriblement mal écrits. On assiste à des répliques de personnages qui surréagissent, ou vont poser des questions hors de propos. Les personnages sont donc censés être des journalistes mais leurs répliques n'en donnent pas l'impression : conseils à deux balles, jugement de valeur, questions déplacées, sujets d'interviews lunaires, rien ne va, on assiste plus souvent à un débat ou une conversation entre pote qu'à une interview. "Pourquoi buvez-vous dans du métal" demande l'abruti de journaliste comme-ci ce détail avait de l'importance. "Vous portez toujours ce peignoir d'intérieur? - Oui sauf quand je vais faire des courses." Bah super, le soucis c'est qu'on nous sert 100 bonnes pages de ces échanges complètement débiles qui ne font pas avancer l'histoire mais nous plongent dans un ennui et un absurde hors du commun. Bref, les protagonistes ne respectent en rien leur rôle, ils n'ont rien de journaliste, leur seul but étant de faire avancer le scénario et donner l'occasion à Prétextat, de montrer qu'il est "méchant".
Les scènes deviennent vite caricaturales et prennent un aspect théâtral complètement comique avec comme point culminant la fin de la 2ème "interview". La conversation, par débilité profonde du scénario plus qu'autre chose va graviter autour de ce que le gros bonhomme mange, sauf que son régime alimentaire est particulier : l'huile des conserves de sardine, le gras figé du poulet, la peau ramollie du poulet. Ah là là c'est très dégoutant, beurk. Après cette énumération, la connerie est à son zénith. Dans une scène théâtrale, digne des plus mauvais Vaudeville, le personnage, après s'être senti mal, se pose la main sur la bouche et part en courant de l'appartement vomir dans la rue, parce qu'on lui a listé deux ou trois trucs pas très appétissants... Au secours. Puis au début de la 3ème interview, le journaliste interpelle Prétextat en lui disant qu'il est "méchant", parce qu'il a brusqué le premier journaliste et énuméré des choses dégoutantes... C'est l'argumentaire d'un enfant de 6 ans. Comment oser écrire ça?
Pour ce qui est du style même il est assez simplet, pourtant certains mots moins accessibles au commun des lecteurs vont venir parasiter le récit, comme pour montrer qu'on connaît des mots "compliqués". Sophisme. Logorrhée.
Je ne sais pas si étaler sa culture est une caractéristique du style de Nothomb, mais en plus du vocabulaire la littérature se voit étalée sans scrupule. Tout le monde doit connaître le célèbre dicton "la culture, c'est comme le beurre sur une tartine, moins on en a, plus on l'étale." Malheureusement, c'est la forte impression que le livre donne. On cite des auteurs à droite, à gauche, pour rien. "La pitié est un sentiment à proscrire. - Oh vous avez lu Zweig!!!" Mais bien sûr. Puis on mentionne Proust, Céline, on cite la princesse de Clèves, bref un festival d'énumération, de la masturbation littéraire, un des fléaux de notre temps.
Puis que dire de ce scénario loufoque, qui aurait pu donner quelque chose, s'il avait été mieux exploité. On parle d'un livre qui n'a jamais été fini, donc vu que le bonhomme en a encore des caisses de manuscrits non publiés, on peut aisément déduire que celui là ne l'a pas encore été, donc comment cette journaliste connaît elle son existence? Comment en est-elle venu à soupçonner le bonhomme d'être un meurtrier? D'où lui est venu cette envie d'enquêter? Où a t-elle déniché les infos? Pourquoi accepte-t-elle de le tuer à la fin? Peut-on être aussi influençable? Bref beaucoup trop de facilités scénaristiques. Ce roman manque de finesse à tous les niveaux. Personnages, style, scénario, dialogues.
Le pire livre que j'ai lu dont je puisse me souvenir. Et dire que c'est l'un de ses meilleurs à la Nothomb...
Mes respects je suppose.