Quelle femme!
Même si le livre est un peu difficile car il parle de personnages et d'oeuvres totalement inconnus à mon petit niveau, il éclaire un peu plus sur cette mystérieuse philosophe qu'était Hypatia. Ce...
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le 11 mars 2011
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Hypatie d'Alexandrie est une femme philosophe néoplatonicienne du IVe siècle globalement méconnu. Malgré sa réelle importance et son savoir unanimement reconnu, l'Histoire n'a guère gardé de trace de celle qui fut une enseignante charismatique à Alexandrie. On se rappelle surtout de son meurtre sauvage par un groupe de chrétien.
Maria Dzielska décide d'offrir à Hypatie l'un des rares ouvrages intégralement consacré à la philosophie. Elle va pour se faire réaliser un ouvrage en 5 parties : ce que la tradition a dit d'Hypatie (et ce que Maria Dzielska va beaucoup critiquer), qui étaient les disciples d'Hypatie, comment elle vécut et comment elle mourut, la conclusion et enfin les sources.
Le plan se suffit à lui-même pour comprendre que Maria Dzielska manque d'une certaine rigueur, on notera également l'absence de bibliographique. Globalement le gros soucis du livre est de jeter bien trop rapidement des sources sans les analyser de manière méthodique, en accepter certaines et en réfuter d'autres plus par principe que par justification scientifique et rigoureuse.
On notera des identifications de personnages fabriquées facilement, des cercles de proches inventés sans réelles preuves, des liens entre les personnages bien trop artificiels. Maria Dzielska se fait une certaine vision d'Hypatie et va tenter de tout faire fonctionner, ainsi l'absence de réponse d'Hypatie envers Synésios est vue par Dzielska comme une volonté d'Hypatie de ne pas trop accabler un disciple qu'elle apprécie. En réalité, aucune preuve n'existe de proximité entre Hypatie et Synésios et si le disciple adore le maître, rien ne prouve un lien dans le sens inverse, au contraire, de longues périodes sans lettres laissent supposer l'inverse.
Dzielska a une vision très noble d'Hypatie, l'amenant même à avoir une très grande proximité avec le christianisme, voir à faire d'elle une presque-chrétienne. A l'inverse, Cyrille est protégé et n'est même que bien peu coupable de son meurtre.
Le but de l'ouvrage est bien de présenter une critique de la vision romantique d'Hypatie : elle n'était pas une jeune femme érotique, splendide, au corps d'Aphrodite, incarnant le paganisme face au christianisme. Elle fut bien plutôt tuée à un âge avancée pour des raisons politiques. Si cela est bien évident et ne saurait être contredit, Dzielska reconnaissant que sa position est soutenue par d'autres, c'est bien la défense des chrétiens et la volonté de maximiser l'implication d'Hypatie dans le christianisme et de nier tout réel lien avec un quelconque paganisme qui paraît problématique.
Le manque de rigueur, la volonté d'imposer une certaine vision du personnage sans grandes preuves, la création à partir d'hypothèse de formulations chimériques, tout cela remplit le livre. Et le soucis c'est que le manque de références données par Dzielska fait qu'on ne sait guère quand elle parle d'hypothèse (toujours formulé au présent de vérité générale) et quand elle se base sur des sources précises.
Globalement c'est donc le parti pris qui dirige trop le livre, et le manque de rigueur, qui diminuent la valeur de l'ouvrage. On aurait aimé plus de soin apporté à la méthode.
Pourtant l'ouvrage se justifie par sa propre existence. Enfin un livre sur Hypatie, enfin un livre qui rend honneur à cette philosophe. De plus c'est un très bon moyen pour les novices de découvrir le personnage. Sa simple existence suffit. Ainsi ce livre est très bon pour débutant et va en s'améliorant tout le long de son propos malgré un premier chapitre franchement dirigé et une méthodologie à revoir.
Créée
le 18 juil. 2019
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