Harlan Coben est un romancier auquel je suis fidèle depuis que j’ai eu le plaisir de découvrir Ne le dis à personne il y a une vingtaine d’années. Je me suis passionné pour les intrigues mettant en jeu l’agent sportif Myron Bolitar. Mais cela fait maintenant des années que ce héros a disparu des productions de l’auteur. Je le regrette mais cela ne m’empêche de lire avec curiosité chacune de ses nouvelles parutions. Le dernier opus dont j’ai terminé la lecture s’intitule Identités croisées.
L’histoire nous fait suivre les pas de Wilde, personnage déjà rencontré dans un ouvrage précédent. Sa particularité est d’avoir été abandonné enfant dans la forêt puis y avoir grandi seul durant ses premières années. Wilde continue à y vivre en gardant toujours un œil sur sa famille d’adoption composée du fils, de la femme et de la mère de son meilleur ami décédé depuis plusieurs années maintenant. Wilde possède des talents qui font de lui un enquêteur efficace aux méthodes personnelles. Il est donc un héros assez classique dont on prend plaisir à suivre les pérégrinations.
L’intrigue se construit autour d’une thématique à la mode : les sites de recherche de correspondance génétique. Ces entreprises proposent d’entrer un prélèvement ADN dans une base de données afin de trouver des liens familiaux jusqu’alors inconnus. C’est ce type de support que Wilde décide d’utiliser pour en apprendre davantage sur son passé. En effet, avoir été abandonné au milieu de nulle part, n’avoir aucun souvenir de ses parents… Les questions sont légitimes et nombreuses. Il est donc aisé de comprendre que la vie de Wilde risque d’être chamboulée quand il découvre l’identité de celui qui pourrait être son père…
Les recherches de Wilde ne vont pas uniquement aboutir à l’apparition d’un père potentiel. En effet, un cousin germain semble également avoir été trouvé. La découverte de cette piste va amorcer un engrenage qui va enclencher une machine complexe et dangereuse. Le destin obscur de ce mystérieux cousin va embrigader Wilde dans une enquête dont il n’est pas évident d’anticiper l’ampleur tant chaque nouvelle étape génère son lot de questions.
La construction narrative suit les codes habituels de l’auteur. Alors que nous suivons les pérégrinations du héros, certains chapitres nous font découvrir des personnes mystérieuses et inconnues. Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, des indices concernant ces derniers sont semés pour aboutir, au final, à une immersion complète et déterminante dans la trame principale. Le mécanisme est connu mais son exécution reste efficace.
L’auteur a également l’habitude d’introduire une riche galerie de personnages dont il n’est pas toujours évident d’établir immédiatement la place occupée dans l’histoire. Dans cette logique, imaginer les « cadavres » cachés dans les placards de tout ce petit monde est un plaisir de lecture dont je ne me lasse pas. Là encore, Harlan Coben utilise avec efficacité une recette classique dont il est un très bon exécutant. Cela génère une lecture pleine de suspense et de rebondissements.
La trame ne souffre d’aucun temps mort. En cherchant à surprendre son lecteur et à clôturer chaque chapitre par du suspense, l’auteur ne perd donc pas de temps dans les descriptions et les temps morts. Le grand nombre de rebondissements se fait néanmoins parfois au détriment de l’intensité de l’immersion dans les lieux ou dans la mise en place du contexte. L’essentiel de l’intrigue est perçu par le regard de Wilde. Cela accentue le rythme de la narration et son intensité mais à l’inverse tous les endroits ne sont évoqués que par l’intérêt qu’il possède pour le héros. Cela peut être ressenti comme un léger bémol.
Au final, Identités croisées est un ouvrage sans réelle surprise. Il s’inscrit dans la continuité des autres romans de l’auteur tant sur la forme que sur le fond. Le héros est sympathique mais pas réellement attachant à mes yeux. J’ai été davantage intéressé par les événements que par son destin. Il s’agit donc d’une lecture facile et agréable qui offre un bon moment mais que tout lecteur oubliera vite une fois terminée.