Autant donner le ton immédiatement : beauté extérieure ne rime pas forcément avec qualité intérieure. Oui, l'objet livre Idhun est très joli et plaisant à tenir en main. Oui mais bon voilà, ça ne fait pas tout...
Voyons voir pourquoi je n'ai pas aimé Idhun...
Déjà, je me suis ennuyée du début à la fin : il est difficile de faire plus convenu comme histoire avec des gentilles licornes, des gentils dragons, des méchants serpents pas beaux. C'est facile : les gentils sont beaux et les méchants pas beaux et quand un méchant est beau, c'est qu'en fait il n'est pas si méchant que ça. On sent venir les révélations à des lieues à la ronde (vous savez ce moment du livre où vous vous dites "damned, c'était ça ! Je l'aurais jamais cru ..." ) ce qui du coup casse complètement l'intérêt des pseudo-suspens, mis en place de manière assez maladroite : le coup du serpent sur la pochette du cd, très subtil !
Ou encore : "Quelle était la véritable identité de Jack ? C'était forcément un être singulier, sans quoi Victoria ne se serait jamais attachée à lui. " A noter que dans Idhun, pour être aimé, il faut sortir de l'ordinaire. Pauvres êtres trop communs, passez votre chemin. Tout cela sent l'idéalisme des fantasmes adolescentaires. Pour le coup on n'est sans doute pas très loin d'un Twilight. De l'art de montrer aux ados une vision de l'amour et de la vie sirupeuse à souhait, et complètement irréaliste.
L'écriture est également d'une platitude consternante. Impossible de ressentir ne serait-ce qu'une once des sentiments exprimés par les personnages dans le livre. Rien. Encéphalogramme plat. Franchement, je préfère encore les livres où l'on a envie de donner des baffes au personnage principal : au moins cela suscite quelque chose.
Cela ne se cantonne pas aux sentiments des personnages mais aussi aux descriptions de lieux (on aurait envie d'être transporté à la découverte d'un endroit comme Linbhad, et non, en fait rien) ou de scènes d'actions (exemple d'un scène qui aurait pu être décrite de manière époustouflante : les dragons qui tombent tous du ciel. Au lieu de ça, rien encore). De toute façon tout ceci semble plutôt secondaire, le point central de l'histoire, ça reste le triangle amoureux Jack-Victoria -Kirtash, sentiments qu'on va nous expliquer en long, en large et en travers avec tous les atermoiements et les discussions gnangnan qui vont avec. Le problème c'est que ce n'est pas vraiment passionnant, complètement idéalisé et donc complètement invraisemblable, comme le reste de l'histoire d'ailleurs.
Un autre truc qui m'a bien énervée ce sont les perpétuelles intuitions des protagonistes. Ils sont vraiment forts, ils sentent tout avant que ça n'arrive ! Du genre :
"Jack avait eu toute la journée un étrange pressentiment au sujet de ses parents [...]"
ou encore :
"Soudain, il eut l'impression qu'un poignard lui transperçait le cœur. Il avait la certitude que son amie était en danger. "
Il est fort le Jack ! A côté de ça, il est même pas fichu de voir quand une nana est amoureuse de lui. Cohérence quand tu nous tiens ...
Pour conclure, je dirais que les enfants d'aujourd'hui sont notre avenir et il me semble important de leur proposer des lectures qui titilleront leur fibre intellectuelle et les feront réfléchir sur plein de choses, tout en respectant leur sensibilité et leur plaisir de lecture. Malheureusement, selon moi , Idhun ne vole pas plus haut que Grand Galop et il n'y a rien à en tirer de ce côté-là.
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