Est-ce réellement utile de disserter sur le fond du sujet ?
Non seulement il suffit d'allumer la télé, la radio ou d'ouvrir un journal pour tomber invariablement sur un pan de la vie d'Adolf - "Adolf à la montagne", "Adolf en Russie", "Adolf et son chien", "Adolf végétarien", "Adolf et le testicule manquant", mais comme le dit si bien Oscar Wilde, en littérature comme partout ailleurs, le fond est ce qui manque le moins.
Et en effet, englués et barbotant dans nos piscines de guimauve consensuelle, il est devenu quasi-impossible de dégoter ne serait-ce que le début de commencement d'un soupçon de style dans la production littéraire actuelle.
Parce qu'après tout, il suffit de relire Proust pour comprendre que l'histoire n'est rien, autant qu' il faut lire et relire Céline pour affirmer que le style est tout.
Or qu'avons-nous là ?
Une sorte de longue nouvelle au très fort parfum d'Alexandre Jardin, eh oui pas mieux, à la fois pour le thème et l'angle choisis, mais écrite avec, à peu de choses près, le niveau de rédaction d'un élève de Première.
Bon d'accord, un élève de Première d'il y a quelques années, admettons.
Convenu, souvent lourd et maladroit au point que l'on peine à se laisser emporter par ce retour de l'histoire avec un h minuscule...
En plein retour (permanent) des polémiques concernant l'édition, la ré-édition et la mise à disposition de Mein Kampf, il n'est pas inutile de rappeler qu'un livre n'est ni moral ni immoral.
Il est simplement bien ou mal écrit. (Au passage, pour celles et ceux qui en parlent sans l'avoir ouvert, Mein Kampf est si mal écrit que dépasser la page quinze relève en soi de l'exploit.)
Soyons donc plus tolérants avec cette gentille petite rédaction, aussi sage et lisse que la célèbre coupe de cheveux qui orne sa (chouette) couverture et qui, il faut bien l'avouer, n'est pas prête de revenir à la mode.
Mais on s'en fout.