Ce bref livre de Daniel Cohen mérite qu'on s'y arrête pour sa capacité (réelle) à nous parler de l'ensemble des problèmes contemporains.
Partant du constat de la société numérique actuelle, Daniel Cohen brosse un panorama convaincant de son émergence, à rebours des usuels prêchi-prêchas et autres lieux communs qui y sont associés.
Pour ce faire, notre auteur s'intéresse d'abord au détonnateur qu'a été Mai 68, remettant en cause l'influence qu'il aurait eu sur la crise de la société indistrielle et les traditionnels poncifs sur l'égoïsme individualiste de jouissance qui aurait marqué ce mouvement, préparant intellectuellement la voie au libéralisme. Au passage une véritable analyse des conséquences de la révolution conservatrice des années 1980 et de ses effets pervers (à commencer par la crise de 2008...) est exposée et un certain nombre des discours réactionnaires associés sont démontés.
Convoquant Harari, Wolffe, Deleuze et Guattari, il explique en quoi la société postindustrielle est devenue à la fois plus horizontale tout en maintenant l'individu sous pression. Rappelant les précédentes révolutions technologiques il s'interroge sur le devenir du travail, en laissant ouverte la question de la répartition du travail entre l'homme et la machine. Prenant acte de la transformation numérique de la société (bien résumée) il en identifie les opportunités tout en restant mesuré sur les exhaltations du transhumanisme et en mesure les impacts sur ce nouvel homme en devenir, l'homo digitalis.