Une histoire merveilleusement bien écrite qui fait malheureusement bien trop factice

Car oui, la première chose qui marque lorsqu'on commence ce bouquin, c'est que Lionel Shriver (aidé dans mon cas par sa traductrice) écrit divinement bien. Les phrases sont belles, bien tournées, bien pesées, bref c'est du miel pour le cerveau.


Malheureusement pour moi, j'ai toujours accordé plus d'importance au fond qu'à la forme. Et là le bouquin ne prend pas vraiment, la faute à une tendance à la caricature difficile à avaler.


En effet, si l'histoire est solidement ancrée dans le réel, avec des références permanentes à d'autres tueries véritables, à l'élection Bush-Gore, enfin à une myriade de détails qui cherchent à prouver que ce récit est aussi authentique que les évènements de Columbine. Sauf que...


Sauf que ce qui nous est narré est complètement improbable, avec ce nourrisson qui nous est dépeint comme l'incarnation du mal, ce bébé à peine né qu'il cherche déjà à nuire à sa mère, puis cet enfant froid, calculateur, bref une vraie machine à faire du mal. Et ça donne au roman un côté Rosemary's Baby en totale contradiction avec le côté réaliste que l'auteur cherche par ailleurs à développer. A un moment, la narratrice te brosse un portrait tellement sombre de son fils que tu te demande si elle ne souffre pas d'un délire d'interprétation !


Ajoutez à cela que le personnage principal (et donc la narratrice) est quand même assez antipathique (elle aime pas les enfants, elle aime pas la grossesse, elle aime pas son fils, elle aime pas les américains, elle aime pas les conducteurs de 4x4, elle aime pas les gros,etc...), et que les autres protagonistes ne relève pas vraiment le niveau (Franklin cette tête à claque !), loin s'en faut. Vous comprendrez que j'ai du coup eu du mal à me sentir concerné par un roman qui sonne si faux et dont les héros tourmentés me sont si étrangers. Ils souffrent, ok, mais me sens-je réellement concerné ?


Un petit bémol final, qui m'a un peu chagriné : le roman dénonce régulièrement le voyeurisme lié à ces tueries d'adolescents, et se vautre lui-même dans une description extraordinairement complaisante du massacre, avec détails gores, supplications, souffrance et sang à outrance.


Un bel ouvrage, mais qui m'a trop laissé de marbre.


13/20

Jopopoe
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le 30 avr. 2017

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Jopopoe

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