Il faut qu'on parle de Kévin par Cheesekate
Il faut qu’on parle de Kevin est un roman absolument terrible et bouleversant.
S’il est difficile de rentrer dans le livre, c’est sans doute à cause d’Eva, sa narratrice, qui écrit à son mari Franklin, en ayant recours à un vocabulaire très (trop ?) recherché, avec de longues phrases, dans un style parfois pompeux. (Ou peut-être ai-je été trop habituée à ce qu’on me mâche ma lecture en me fournissant des termes et des tournures de phrases trop simples ?)
Quoi qu’il en soit, les premières lignes, pages, la première lettre d’Eva à Franklin sont difficiles. L’entrée dans le sujet prend du temps.
Le sujet en lui-même est délicat : Eva raconte sa vie remplie de succès : l’amour, la réussite professionnelle. Tout allait pour le mieux jusqu’à ce que Franklin veuille un enfant, et qu’elle accepte de se prêter au rôle de mère.
Un rôle qui, on s’en rend rapidement compte, ne lui sied pas. Son propre fils, dès sa naissance, la rejette, et elle-même ne se sent aucune attache pour ce petit être.
Eva raconte à Franklin comment leur fils, Kevin, n’a jamais été pour elle un bébé, puis un enfant normal.
Au fur et à mesure des courriers qu’elle envoie, elle nous apprend que leur fils a commis l’horreur : un massacre dans son lycée comme il y en a tant dans les lycées américains.
Et à travers ses lettres, elle tente de retracer, de mettre en perspective, tout ce qui a pu amener Kevin à commettre son acte, tout ce qui aurait pu être un signe avant-coureur, ou pas, au contraire.
L’histoire est terrifiante, chaque page tournée amène sa surenchère d’horreurs, de malaise, d’inconcevable.
L’auteur y traite la relation d’une mère et de son fils, mais également la vie d’un couple qu’un enfant (loin d’être normal) vient bouleverser.
Très peu de livres m’ont mise ainsi mal à l’aise, et aucun livre ne m’a fait pleurer ainsi. Même si quelques phrases laissent deviner la fin tout au long du roman, tous les évènements dévoilés dans les dernières pages sont d’une intensité que je n’avais jusqu’alors jamais connu à la lecture d’une œuvre de fiction (encore que… tout ça n’est pas tant fictif que ça…).
Ce n’est pas une question de style ou d’écriture, même si c’est relativement bien écrit, mais c’est bien le sujet qui m’a touchée, aussi atroce soit-il. Cette lecture me laissera indéniablement une marque.
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