Il faut qu'on parle de Kévin par Margo Doe
Voilà un livre acheté par hasard.
J'ai tout d'abord vu la bande annonce au JT. Cette histoire macabre m'a piqué au plus vif & a immédiatement attisé ma curiosité. Le sujet malgré tout central, ce rapport mère-fils violent & contraire aux règles de morales & de bienséance. Voilà un sujet intéressant.
Je me suis plongée dans ce livre sans savoir à quoi m'attendre parce que cette bande annonce est lapidaire, & que le résumé au dos du livre est plus que bref. J'ai été immédiatement happée, par le récit de cette mère, qui tantôt parle de sa vie actuelle, en ruine, rythmée par ses repas maigres & les visites à son fils. Puis qui revient dans son passé, le passé, leur passé, à elle & à son mari, à qui elle adresse ses lettres. Durant tout le livre, dans chaque lettre, il pèse une atmosphère pesante mais pas lourde, comme pour annoncer que le résumé est trompeur, que la fin sera une claque magistrale, que les mots finiront par manquer au lecteur pour définir l'histoire de cette femme.
Eva parle d'amour. D'amour ou d'absence d'amour. Elle parle de la passion qui la dévore pour son mari, homme rencontré tard qu'elle a dès le premier regard aimer à en perdre le souffle. Cet amour qui la poussera à s'essayer à la maternité, pour ne pas perdre ce cocon, pour visiter une nouvelle contrée, un nouveau pays... & cette violence brutale, inexplicable, qu'elle ressent pour son fils, qui dès ses premiers jours lui témoigne une répulsion maladive.
De plus, dans ce livre est soulevée une question que beaucoup se posent, à laquelle personne ne répond franchement. Le problème des nourissons & de leur conscience. L'homme est-il naturellement bon? Quelle influence la grossesse a-t-elle sur l'enfant à naître? Question d'autant plus pertinente au milieu du livre, quand Eva porte son second enfant, une fille, qui sera l'exact opposé de son fils.
Le dénouement est lourd, tragique, à pleurer, véritablement.
Les faits historiques cités tout le long du livre viennent renforcer cette peur qui ne nous quitte pas, même après avoir tourner la dernière page. Peut être cette histoire est-elle autobiographique? Ou du moins, si ce n'est pas l'histoire de l'auteur, sûrement qu'une famille, quelque part dans le monde & à un moment donné, a vécu tout ce que raconte Eva, d'une façon ou d'une autre.
Ce livre m'a laissée sans voix, littéralement. J'y songe encore, plusieurs jours après l'avoir fini, & je sais que je m'en souviendrai pendant longtemps, à l'inverse de certains livres dont on finit par mélanger l'histoire avec un autre, voire deux autres, parce qu'ils ont beaux être bons & agréables à lire, ils ne marquent pas, ils ne chamboulent pas.
Le pire? Le pire ce ne sont pas les meurtres, ce n'est pas la vie en ruine de cette famille, & le cheminement intérieur d'Eva. Le pire, ce sont les derniers mots du livre, quand Eva avoue ne plus avoir la force de lutter contre son fils. & que finalement, elle l'aime.
Les draps sont propres, le lit est fait & s'il veut, elle l'accueillera quand il sortira.
Voilà le pire. & peut être le plus beau.
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