Entre essai et biographie, Il n'y a pas de Ajar revient d'abord sur la révélation quelque peu confuse par Bernard Pivot de la "filouterie sur les noms" orchestrée par Gary : Romain Gary et Emile Ajar, tous deux lauréats du prix Goncourt respectivement en 1956 et 1975, ne sont qu'une seule et même personne. Le fils inexistant d'Ajar prend la parole pour explorer la notion d'identité dont Delphine Horvilleur, dans sa préface, rappelle que Romain Gary la refusait.
Beaucoup de notions sont abordées dans ce livre : celle de l'identité, du repli identitaire, de l'appropriation culturelle. Celle aussi de la judéité, chère à l'autrice. Cette dernière montre que la réflexion sur l'identité menée par Romain Gary en son temps est plus que jamais d'actualité. Elle a le sens de la formule qui fait mouche et saupoudre son texte d'un humour parfois grinçant.
Et c'est là qu'elle attaque et qu'elle s'accroche, cette saloperie. Tu sais : "l'identité", comme ils l'appellent tous. C'est fou comme elle les obsède aujourd'hui. Tu as remarqué ? Elle est partout. Elle bouffe toute la place : elle fait se sentir "bien chez soi" à la maison et en manque de rien. Et c'est comme ça qu'on devient muet, con, antisémite, et parfois les trois à la fois." (p. 52)