Rupture dans le réel

Proclamé "roi de l'horreur" depuis la sortie du film Hellraiser, adapté d'un de ses livres, Barker est avant tout le roi de l'étrange. Convoquant le fantastique, le conte, la Bible et la tragédie pour y enchâsser la matière première issue de ses rêves, il fait d'Imajica une oeuvre-somme où tourbillonnent personnages tortueux, mondes énigmatiques, créatures extravagantes et concepts ésotériques.

Suivre l'auteur dans l'Imajica, c'est découvrir que les gens et les choses dissimulent de multiples strates derrière leur apparence. Accepter d'être tour à tour surpris, attendri, émerveillé, dérangé, excité en suivant le fil d'un récit qui, bien que multipliant les lieux, personnages et situations, conserve sa cohérence tout du long. L'auteur sait très bien où il va et mène sa barque avec aisance, multipliant voiles et effets de manche pour mieux nous éblouir lors de moments soigneusement choisis car, si l'architecture du roman est solide, c'est le talent de conteur de Barker qui la drape des plus beaux attributs.

Je ne peux que vous souhaiter de rejoindre Gentle, Judith, Pie 'Oh' Pah et les autres personnages qui peuplent l'Imajica. Si je n'ai rien dit du scénario, c'est que le plaisir de la découverte est tel qu'il serait dommage d'en révéler le moindre morceau, le résumé en disant déjà trop... tout en étant bien en deçà de ce qui vous attend. Une seule chose est sûre : Imajica ne ressemble à rien de ce que vous avez déjà lu.