Que dire de ce livre qu'on m'avait conseillé à de multiples reprises avant que je n'effectue mon Chemin...
Peut-être l'aurais-je lu avant de partir marcher que je l'aurais trouvé plus intéressant et approprié - et je me serais surement au passage spoilé une partie de cette aventure...
J'ai randonné seule les plus de 1800 kilomètres que sont le Chemin de Compostelle entre Le Puy-en-Velay et Saint-Jacques de Compostelle, et quand bien même nombreuses sont les expériences décrites par Rufin dans lesquelles je me suis retrouvée, je l'ai trouvé très négatif sur son expérience.
Les bobos, des auberges un peu miteuses, la météo peu clémentes de certains jours... Tout est oublié car la marche, c'est de la méditation active et l'on en ressort grandi et rempli de positivité.
De plus, son attitude concernant les autres marcheurs peut laisser un arrière goût acre : pourquoi se refuse-t-il à marcher en compagnie d'autres personnes ? Le Chemin, et particulièrement quand on le fait seul, c'est aussi les rencontres avec les pèlerins : la confiance en soi retrouvée grâce aux conseils d'Agnès ou Dylan, le bout de pain partagé par Alice car on a oublié de faire le plein le matin et qu'on est en hypoglycémie sur le bord de la route, la consolation de Samuel qui nous aide à y voir plus clair dans sa vie sentimentale... Choisir de ne pas rencontrer les autres sur le Chemin, c'est selon moi choisir sciemment de rater une partie de l'expérience offerte par cette randonnée.
Je reconnais cependant le style certain de Rufin : le texte est très bien écrit, la lecture se fait fluide et agréable. On vit au travers du personnage, on sue avec lui sur la route, on a les pieds mouillés avec lui et on a vraiment envie d'aller au bout de l'aventure en sa compagnie...
Mais n'empêche qu'il se dégage de ce livre tellement de jugements hâtifs, de négativité et d'ego mal placé que j'ai eu du mal à reconnaître l'expérience que j'avais moi même vécue.