Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi par BibliOrnitho
L’auteur de l’Abyssin est dans le train en direction d’Hendaye. Un gros sac à dos et de bonnes chaussures l’accompagnent. Il part se dégourdir les jambes : le chemin de Saint-Jacques sera son chemin de croix. Il a opté pour le chemin du nord, celui qui part du Pays basque et longe les côtes de la Cantabrie (par opposition au chemin « français », plus méridional, beaucoup plus emprunté et qui prolonge l’itinéraire depuis le Puy-en-Velay).
L’écrivain marche, pense, espère, souffre. Pour finalement ne plus rien faire d’autre que marcher. Car, nous dit-il, en cours de route, on de déleste de beaucoup de choses : des bagages superflus et qui pèsent sur les épaules sont en fonction de leur valeur soit jetés, soit réexpédiés en France par voie postale ; de sa routine, de ses peurs, de ses attentes. Peu à peu, l’homme cède la place au pèlerin, la balade vire à la quête. Une quête spirituelle qui dépasse de beaucoup la seule religion catholique et le symbole controversé des restes de Saint-Jacques découverts en Galice (fort loin du Moyen-Orient, il faut le reconnaître).
Ampoules aux pieds, douleurs dans les lombaires, épaules meurtries, chaussettes qui sèchent accrochées au sac, crasse du jour qui souvent s’ajoute à celle de la veille, l’auteur se détend. Il est zen et accède à une profonde paix intérieure.
Anecdotes en tous sens, parfois graves, souvent humoristiques, empreintes d’une touche d’auto dérision agréable, le récit n’en demeure pas moins assez long. Mon intérêt pour l’évolution philosophique de Rufin s’est quelque peu émoussé au gré des coquilles jacquaires. Et l’auteur me confirme ce que j’ai entendu à plusieurs reprises : le parcours français est plus intéressant que le cheminement ibérique qui longe trop souvent des voies rapides, des usines chimiques ou des lotissements vidés de leurs habitants.