Un coup de cœur avec une note si basse, c'est pour moi une première.
Commençons par les choses qui fâchent : Impact est en soi un roman médiocre, prévisible et plein de clichés, qui ressemble à un travail bâclé, ou plutôt à la production mineure d'un écrivain en pilote automatique. Le scénario, les lieux du récit, les personnages, jusqu'aux noms même (les masques de panda avec une cicatrice, l'association "Green War", etc.), tout semble avoir été choisi au plus facile, comme par fainéantise.
Pourquoi alors, un coup de cœur ? Car Impact ne doit pas être lu seulement comme un thriller lambda, mais comme un écrit de combat. Certes, Norek a tendance a mélanger un peu tout (la pollution, le réchauffement climatique, l'extrême pauvreté), mais c'est pour dénoncer l'ensemble d'un "système", c'est-à-dire d'une organisation du monde, de la richesse et du pouvoir, qui nous conduisent, ou plutôt qui nous ont conduit, à la catastrophe climatique d'aujourd'hui.
L'auteur ne ménage pas ses effets pour, à la fois, dénoncer l'urgence, et pointer non pas ses responsables (nous le sommes tous) mais ses plus grands profiteurs, ses hypocrites éhontés : multinationales, grandes banques, gouvernement. C'est un constat éculé, tellement connu qu'il fera hausser les épaules à tous les plus malins que les autres. Qui pourtant, dans la littérature d'aujourd'hui (et peut-être même dans les autres arts), est capable de lui donner voix ?
C'est la première fiction contemporaine que je lis qui prend cet immense défi à bras le corps, à revers d'un grand nombre de productions de notre époque, égarées tant par leur égocentrisme que par leur mépris bourgeois du récit 'd'évènements', qu'elle identifie aux productions Marvel et aux romans de gare. Même si l'on peut regretter une fin en eau de boudin sur le mode "il faut vivre avec le capitalisme", Norek a au moins eu le courage de s'y mettre.