inKARMAtions
6.6
inKARMAtions

livre de Pierre Bordage (2019)

A l'abordage, s'écriait le vieux pirate

Pierre Bordage a 66 ans. Eh ouais, ça ne nous rajeunit pas tout ça. Alors, ce n'est plus l'auteur flamboyant des guerriers du silence ou des fables de l'Humpur, ses deux morceaux de bravoure à mes yeux. Mais à n'en pas douter,notre vieil humaniste un poil illuminé sait toujours sacrément bien raconter une histoire. J'ai récemment entendu sur je ne sais quel podcast une syndicaliste expliquer à un journaliste que la caisse de retraite des auteurs connaissait de graves dysfonctionnements, peut-être (j'écoutais d'une oreille distraite) jusqu'au point qu'aucune pension ne soit versée à ceux qui y ont cotisé. Cela expliquant, qui sait, que Bordage soit toujours aussi prolifique. InKARMAtions est paru fin 2019, et il n'est pas une fois où je me rende à la librairie sans tomber sur une nouvelle parution de sa part. Et, ma foi, il tient toujours fort honorablement son rang dans le gotha de la S.F française.


Comme chacun sait, Bordage a un goût prononcé pour les théologies, en particulier (mais pas que) celles qui sont d'origine asiatique. Ça transparait vraiment de façon très prononcée dans ce bouquin, je n'ai pas le souvenir d'en avoir lu un autre qui soit autant branché karma et réincarnation. Pour autant, comme il met du rythme dans sa narration et qu'il est synthétique, on n'y trouvera pas de longues et pénibles digressions mystiques. Heureusement hein ! Et son côté humaniste, accentué par sa détestation des hiérarchies et des systèmes de pouvoir, l'emporte souvent sur les rituels et les cérémoniaux. Enfin, naturellement et comme toujours avec cet auteur, il y a de l'action, des rebondissements, de l'imprévu. Voilà un gars qui sait tenir le lecteur en haleine.


Si l'on ajoute à ça une intrigue très solidement bâtie, mise en place de façon chorale autour de quelques personnages clés, le lecteur passera sans problème sur certaines situations un peu cousues de fil blanc ou quelques passages destinés à lui tirer une larme. Car l'enchevêtrement des époques et des lieux, réels ou non, est particulièrement réussi. Et le final, qui joue habilement des codes du complotisme, est à l'avenant. Voilà, voilà, comme toujours avec Bordage, de la S.F populaire, accessible à tous et de qualité. Qu'on se le dise !

Marcus31
7
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le 29 mars 2021

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