Imaginez une vieille demeure mélancolique, les Hêtres Gris, située entre Angleterre et Pays de Galles, à la fin du XVIIIème siècle. Dans ce manoir envahi par les ronces vit la famille de Richard Marston, un gentleman ruiné et amer. La solitude de la maisonnée est un jour interrompue – au grand dam du maître de maison - par un invité importun : Sir Wynston Barkley, cousin et ancien camarade de Marston.
Dès lors, une atmosphère maléfique pénètre dans la maison et même les domestiques commencent à agir étrangement. Pourquoi ce pauvre Cartwright, au service des Marston depuis des années, souhaite-t-il quitter le domaine ? Quel terrible secret cache Mlle de Barras, gouvernante jusque-là exemplaire ? Et qu’est-ce qui lui donne tant de pouvoir sur le chef de famille ?
Vous l’aurez compris, un meurtre sordide se prépare. Mais le coupable n’est peut-être pas celui que tout accuse… Toujours est-il que la famille Marston va voler en éclats, ternie à jamais par ce sanglant mystère.
Ce roman utilise de nombreuses ficelles du genre policier : enquête, indices et faux coupable sont au rendez-vous. Mais le récit se trouve aussi à la lisière du fantastique. Le Fanu y traite de la folie et de la hantise diabolique, thèmes présents dans la plupart de ses romans et nouvelles. Nous ne sommes qu’en 1851 lors de la publication de ce livre ; mais ces obsessions de l’auteur deviendront encore plus prégnantes après la mort de sa femme en 1858. Dès lors l’écrivain s’enfermera dans une grande solitude et produira des chefs d’œuvre, tous plus morbides les uns que les autres.
« Invitation au crime » est donc un livre particulièrement noir et angoissant. Ses 150 pages se lisent d’un trait, tant le suspense tient en haleine. Une invitation à passer une nuit blanche !