Ma vie avec Clint
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Ce court ouvrage posthume de Jacques Ellul est d’une richesse surprenante. Combien de fois n’avez-vous pas entendu « Les chrétiens et musulmans sont fils d’Abraham ; chrétiens et musulmans croient au même Dieu ; le christianisme et l’islam sont des religions du livre » ? Ellul lance : "Si j'ai décidé la rédaction de ce petit opuscule, c'est à cause du succès de ces trois arguments qui attestent la parenté Islam, Christianisme. Je vais examiner ces trois principes et j'espère montrer que c'est du vent et que ces mots ne recouvrent rien."
1 - Le lointain cousinage abrahamique, par Isaac et Ismaël, constitue un argument démagogique pour évoquer de prétendues similarités d’origine, similarités utiles pour identifier l’islam et le christianisme dans un œcuménisme lénifiant. Or, Jésus est formel : Seul celui qui fait la volonté de Dieu sera déclaré “Fils d’Abraham“ (Luc 19-9). Le sang n’a plus d’importance.
2 - Un seul Dieu ? Pourquoi faire ? Le mot Dieu est un mot creux, un mot valise, qui recouvre tout et son contraire. Qui sont ces dieux ?
• Le Dieu musulman n’est pas accessible par la raison. Allah “est“, son existence ne peut pas être l’objet d’un débat, l’athéisme est inconcevable. Allah est souverain et inaccessible. Il arbitre et juge, sans intervenir. Point final. L’Incarnation, la Rédemption et la Trinité sont impensables et jugées par Mahomet idolâtres et polythéistes (shirk), le péché absolu et impardonnable.
• Le Dieu judéo-chrétien est accessible. La rencontre individuelle de Jésus-Christ est l'acte de rencontrer vraiment la personne du Christ en l'aimant et en se laissant aimer. Dieu ne s’impose pas aux chrétiens, il nous veut libres. L’intuition divine procède du jugement, en conséquence l’athéisme est une alternative possible à la croyance, la conséquence d’une déficience de notre raison.
3 - Le Coran est un texte dicté par Allah, figé de toute éternité et donc immuable. La Bible conte une histoire amoureuse, celle du dévoilement progressif de Dieu, une révélation écrite par des auteurs inspirés et située dans le temps. Pour les chrétiens, la parole de Dieu s’incarne dans le Verbe, c’est-à-dire dans la personne de Jésus Christ, qui est lui-même la vérité.
Conclusion : « La ressemblance des mots cachent totalement les oppositions, à la fois du sens et de l’être ».
Un second texte est proposé en annexe : la préface par Ellul du livre de Bat Ye’or sur le statut de dhimmi. Un monothéiste non musulman vivant dans une société musulmane peut bénéficier du statut de protégé. Ce statut est concédé par une charte octroyée et donc révocable. Il est proche de celui des serfs, à la différence près que le servage est un accident de l’histoire chrétienne lié à la féodalité, alors que la dhimmitude est immuable. Certains y verront une gracieuseté de l’Islam qui non seulement accepte, mais protège le dhimmi. Certes, mais de qui ? Des musulmans eux-mêmes. En effet, il n’y a pas de droits de l’homme islamiques, mais seulement les droits de Dieu et ceux que Allah reconnaît aux musulmans. Le seul droit des païens et des dhimmis est celui de se convertir à l’islam.
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le 4 juil. 2017
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