Istanbul
7.1
Istanbul

livre de Orhan Pamuk (2007)

En 2003, alors qu'il a déjà publié 7 de ses romans dont, pour citer les plus importants Neige et Mon nom est rouge, mais qu'il n'a (pourtant) pas encore reçu le prix Nobel, Pamuk publie ce Istanbul, qui, s'il se présente comme un portrait de la ville de l'écrivain turc n'est rien d'autre qu'une autobiographie déguisée.

Sur 540 pages truffées de photographies familiales ou de grands photographes stambouliotes comme Ara Güler, et à travers 37 chapitres, Pamuk nous parle de sa ville et de lui-même : du Bosphore bien sûr, de la Corne d'Or, des yali, des vapur, des cimetières, des chiens, des incendies, des naufrages, mais aussi de sa famille : de son père, de sa mère, et de son frère.

Il s'intéresse également à la vision occidentale de la ville à travers les auteurs qui l'ont visitée, et notamment Nerval, Gautier et Flaubert, mais les parties où il parle des 4 écrivains tristes, est bien plus intéressante ; elle permet de découvrir pour ceux qui ne les connaissent pas : Ahmet Rasim, Ekrem Koçu, Tanpinar et Yahia Kemal. Et cela est d'autant plus intéressant que l'écrivain nous parle de ses rapports à ces écrivains qui vivaient dans des quartiers proches du sien, et comment ils l'ont influencé.

Car en effet, de nombreux éléments de ce livre nous évoquent les origines du monde littéraire que Pamuk a créé, et donc des clés de lecture de ses romans. Le jeune modèle dont il parle dans le 35e chapitre "Premier amour" m'a par exemple immédiatement fait penser au personnage de Füsun dans Le Musée de l'Innocence, et les exemples sont nombreux dans le livre, mais je m'en tiendrai uniquement à celui-là. Je conseille en effet au lecteur de faire comme moi et d'attendre de lire toute l'œuvre romanesque de Pamuk avant de s'attaquer à ce livre là. En effet, il aura d'autant plus de saveur pour celui qui, comme moi, a déjà lu toute l'œuvre romanesque de Pamuk, alors que pour celui qui le connait peu ou à peine, ce livre présentera beaucoup moins d’intérêt.

Cependant, ce livre n'est pas exempt des défauts pamukiens qu'on retrouve dans ses autres livres, à savoir principalement : la lourdeur, la répétition, un petit manque d'humour (même s'il y en a quand-même. Je pense notamment au chapitre sur la religion dont les analyses restent très superficielles. Il faudra aussi parfois passer au dessus de la vanité de l'auteur qui se montre à plusieurs reprises imbu de lui-même ou méprisant vis-à-vis de tel ou tel. Mais si l'on passe ces aspects rébarbatifs, et si l'on a la curiosité et la passion de la Turquie, on passera tout de même un bon et instructif moment en compagnie de son seul prix Nobel, Orhan Pamuk, peintre raté et écrivain (réussi ?).

Hunkarbegendi
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Derniers livres lus, Les meilleurs livres turcs et Les meilleurs livres d'Orhan Pamuk

Créée

le 26 oct. 2024

Modifiée

le 26 oct. 2024

Critique lue 2 fois

Hunkarbegendi

Écrit par

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur Istanbul

Istanbul
yourcenars
7

Critique de Istanbul par yourcenars

Il me semble certain que Orhan Pamuk a choisi de placer son livre sous l'égide de la tristesse ("hüzün") et on sent bien de quelle manière celle-ci est présente durant tout le récit, à la fois dans...

le 28 oct. 2018

1 j'aime

Istanbul
Hunkarbegendi
7

Portrait de l'artiste en ville

En 2003, alors qu'il a déjà publié 7 de ses romans dont, pour citer les plus importants Neige et Mon nom est rouge, mais qu'il n'a (pourtant) pas encore reçu le prix Nobel, Pamuk publie ce Istanbul,...

le 26 oct. 2024

Istanbul
Metanoia
8

Mélancolie des souvenirs

Quoi de mieux que le choix de cette lecture pour un séjour de plusieurs mois dans celle qu’on appelle la « ville aux mille mosquées » ? Car autant qu’un livre autobiographique, ce roman est l’essai...

le 3 févr. 2015

Du même critique

La Mort de Louis XIV
Hunkarbegendi
3

La Mort du Spectateur

Ce film est d'un ennui ... mortel; À défaut de vraiment mourir vous risquez à coup sûr l'endormissement. Idéal pour tous ceux qui souffrent d'insomnie. Ou si vous voulez torturer quelqu'un. Un...

le 13 févr. 2019

6 j'aime

1

Guerre et Paix
Hunkarbegendi
8

Critique de Guerre et Paix par Hunkarbegendi

Une excellente adaptation du livre de Tolstoi, sans doute la meilleure à ma connaissance. À l'écriture on retrouve Andrew Davies, connu pour ses adaptations de romans classiques tels que Pride and...

le 18 févr. 2016

6 j'aime

Game of Thrones: The Last Watch
Hunkarbegendi
5

Critique de Game of Thrones: The Last Watch par Hunkarbegendi

Documentaire post-autopromotionnel assez superficiel et donc décevant sur la série Game of Thrones. Certes, on y suivra le point de vue assez intéressant d'un figurant, tout en restant toujours...

le 28 mai 2019

5 j'aime