« Il faut imaginer Sisyphe heureux » disait Albert Camus.
« J’ai vu Sisyphe heureux. » lui répond Katerina Apostolopoulou.
Dans ce recueil de trois poèmes narratifs, l’auteure nous raconte la Grèce de son enfance, berceau de ses histoires dans laquelle évoluent ses personnages : une jeune veuve, un couple et un vieil ermite. Tous ont en commun leur pauvreté, leur ténacité et leur résilience. Chacun a pris son parti de cette répétition des tâches et y trouve le bonheur dans ces petits riens qui remplissent l’existence d’amour, de partages, de solidarité.
Leur situation paraît presque enviable si l’on regarde attentivement ce mode de vie qui se perd, un mode de vie certes assez pauvre mais dans lequel on n’est jamais seul, toujours soutenu et entouré. Là où notre société consumériste nous confronte à la difficulté de faire moultes choix chaque jour, les héros de ce recueil se contentent de ce qu’ils ont sans se poser de question, ils accueillent et prennent ce que la vie leur donne comme une évidence. Leur liberté semble arbitraire et pourtant…
Je découvre la poésie narrative avec ce recueil et je dois dire que si la poésie y prend toujours cette forme, y déverse toujours les émotions ainsi, alors c’est une poésie que j’apprécie. Racontant personnage et existence, chacune des trois histoires se suffit de peu de mots pour nous dire l’attachement et les valeurs qui rendent la vie plus belle.
L’auteure imprègne par ailleurs ces textes de cette double culture qui est la sienne. Et si, confrontée à mes propres limites, je me suis contentée de lire le texte en français, je ne peux nier avoir été attiré par la langue grecque, si inaccessible. Elle interroge sur l’écriture et le sens, et je n’ai pu m’empêcher de penser que peut-être Katerina Apostolopoulou avait encore plus à nous dire…
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