Alors que l'on a commémoré cette année le trentième anniversaire du génocide rwandais, Gaël Faye, que je ne connaissais jusqu'alors qu'en tant qu'artiste musical, revient sur le sujet au travers d'une fresque familiale s'étalant sur quatre générations qui tentent de se reconstruire tout en préservant la mémoire de ceux qu'ils ont perdus.
A l'image de son auteur, Milan est franco-rwandais. En 1994, il n'a que douze ans lorsqu'il découvre le pays de sa mère au travers des terribles images du massacre des Tutsis présentées dans les médias. Confronté au silence de sa mère qui n'évoque jamais ses origines, le jeune garçon n'aura de cesse de comprendre d'où il vient. Ce n'est que quelques années plus tard qu'il se rend au Rwanda et découvre une famille dont il ignorait l'existence. Aux côtés de Claude, Stella et Rosalie, Milan va peu à peu lever le voile sur l'histoire de ce pays auquel il s'attachera au point de ne plus vouloir en repartir.
Par petites touches les témoignages viennent éclaircir le héros et le lecteur sur l'origine coloniale du génocide, et nous montre les répercussions de la violence extrême sur l'ensemble d'une population qui tente de reconstruire les liens brisés au travers de la capacité des survivants à se relever et à réapprendre à vivre ensemble.
Si le sujet est grave et la violence très présente, l'écriture sobre et délicate de l'auteur permet une lecture facile et abordable. Une lecture qui s'avère rapidement essentielle dans ce qu'elle apporte de compréhension du Rwanda et montre combien il est nécessaire de briser le silence pour permettre aux nouvelles générations de surmonter les traumatismes. Coup de cœur !