On comprend les éloges à l’égard de ce roman, surtout grâce à un cinglant côté visionnaire.
Mais les écueils ne manquent pas.
Déjà la vulgarité, on sent clairement que l'époque est au relâchement du côté de la morale, et une telle vulgarité, si elle pouvait être provocatrice en son temps est aujourd’hui putassière… L’argot est aussi dangereux à l’écriture, car, outre le problème de la traduction, il vieillit surtout bien mal.
Le roman a également trop de répétition et comme il ne se passe finalement pas grand-chose, ça rabâche trop souvent.
Ensuite le gros morceau, le fond.
Critiquer la TV, on est d’accord, il le faut. Un spectateur n’est pas un lecteur, aussi, ne serait-ce que par compétition, la littérature devrait abattre la TV, mais elle peut aller plus en profondeur. La TV est une structure centralisée, elle ne peut donc qu’être au service du pouvoir en place, malgré les atours de pluralisme dont elle se pare, elle reste le principal organisme de propagande. “ Il faut combattre la logique de l’audimat au nom de la démocratie” écrivait Bourdieu. Les mécanismes de contrôle de la chaîne sur Barron aurait pu faire des chapitres savoureux.
Etre écrivain et écrire un livre qui encense un présentateur TV est d'une grande naïveté surtout si c'est pour ne pas réfléchir à ses structures de pouvoir.
Jack Barron est décevant car s'il n'est clairement pas Cyril Hanouna, il n'est pas non plus Laurent Ruquier ou Julien Courbet, on ne développe pas d'empathie pour lui et derrière le côté requin qu'il se donne, il est beaucoup trop tendre pour la vision qu'on se fait de sa profession.
Il déçoit également en ne semblant rien comprendre aux enjeux qui l'entourent et son cynisme n'est finalement que de façade.
Manque d'ailleurs un aspect important de sa vie, comment s'est-il retrouvé à ce poste de présentateur; une partie antérieure à l'action du roman montrant un Jack idéaliste renonçant à ses valeurs sur l'autel de l'audimat nous aurait autrement intéressé ce qui aurait été autrement plus dramatique que son éternel triomphe.