Le quatrième roman de cet auteur américain profondément francophile s'attaquait en 1969 avec un immense brio à deux thématiques toujours plus contemporaines : le rôle véritable du « quatrième pouvoir », à savoir ce que peut et doit faire le journaliste confronté à l'inacceptable, d'une part, et le terrible pouvoir de l'ultra-riche ou de l'ultra-puissant lorsqu'il se consacre à la réalisation de ses fantasmes, et notamment du fantasme d'immortalité. On peut aisément constater que quarante ans après son écriture, la préoccupation est intacte, voire accrue.
Le tout réalisé dans une langue et un style d'une verdeur qui fit scandale à l'époque de sa parution, teinté aussi d'un humour alerte qui surfe en permanence avec légèreté sur la redoutable noirceur du propos.
"Barron prit la communication sur son vidphone n°2, vit l'image de la secrétaire à la bouche en cul de poule (mmm... ces lèvres) apparaître au-dessous de lui (juste la position idéale) dans le quadrant inférieur du moniteur, lui fit un sourire traîtreusement séducteur (œil d'acier dans un gant de velours) et dit :
- Ici Jack Barron qui voudrait parler à Mr Benedict Howards. Cent millions d'Américains sont ravis de contempler en ce moment votre ravissant minois, mais c'est surtout celui de Bennie Howards qu'ils voudraient voir sur l'écran. Alors passez-moi le patron. (Il haussa les épaules avec un sourire:) Pour ce qui est du reste, ma jolie, vous pouvez laisser votre numéro strictement personnel à mon régisseur, Vince Gelardi. (Après tout, qui sait ?)"
Une note de lecture plus complète est désormais disponible sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/03/06/je-me-souviens-de-jack-barron-et-leternite-norman-spinrad/