En tant qu'amateur de la collection de Pléiade, éditée aux éditions Gallimard, une biographie au sujet de son éditeur ne pouvait que m'intéresser.
Dans un style concis et clair, Amos Reichman retrace la vie littéraire de Jacques Schifrin qui révolutionna le monde de l'édition en créant la "Bibliothèque de la Pléiade". Projet de bibliophile qui dépendait de sa propre maison d'édition, la collection sera ensuite racheté par les éditions Gallimard, alors en pleine ébullition, au début des années 30. Il deviendra alors directeur de la collection qu'il a fondé. Les choses auraient pu en rester là sans l'arrivée de la seconde Guerre Mondiale. Gallimard est contraint par les autorités nazies à éliminer les juifs de sa maison d'édition sous peine de fermeture.
Jacques Schiffrin est licencié de son poste, mais déjà la situation se corse et il est contraint à l'exil aux Etats-Unis. C'est là-bas qu'il recréera une nouvelle maison d'édition dans le but de propager la littérature française aux Etats-Unis. Cependant, atteint d'une maladie pulmonaire incurable, il ne reverra jamais la France et ne pourra jamais reprendra la direction de la collection qu'il avait créée.
Cette biographie livre tous les détails connus de cette tragédie. L'auteur parvient à reconstituer chaque battement de cette histoire à l'aide d'une solide bibliographie qu'il regorge de détails. Non content de dresser le portrait de cet homme visionnaire, l'ouvrage offre un aperçu de la vie intellectuel des années 30-40. On croise au gré des pages les grands noms de la littérature française de l'époque comme André Gide et Roger Martin du Gard. Mais malgré un style fluide, les chapitres ne sont pas exempts de quelques répétitions inutiles.
Dans l'ensemble, Jacques Schifrin un éditeur en exil est une bonne biographie qui s'adresse surtout aux inconditionnels de la Pléiade qui voudraient en savoir plus sur la Genèse de cette collection.