Un bref coup d’œil vers la cour suffisait à étourdir, tours et remparts s'amenuisaient en lignes convergentes vers un point de fuite enraciné dans le rocher. Mais c'était le panorama qui attirait le regard. Depuis cette aire d'aigle, le chevalier contempla surtout le ciel, démesuré et bas, convulsé de nuées en débandade : une houle indisciplinée, marine et gris sale, que floutaient çà et là des averses vives comme des embruns. Sous cet océan en marche, le monde s'étirait à l'infini, vers des horizons duveteux et sombres. Les coupes des collines s'étalaient, dans une volupté indifférente, hérissées de forêts drues. Les vallées s'étranglaient entre des coteaux menaçants, bifurquaient au détour d'un relief, sinuaient furtives entre les hauteurs que nivelait la distance. Les bois faisaient le gros dos sous le ciel mauvais, frémissaient en longs frissons grondeurs quand la bourrasque devenait rageuse. L'homme se perdait dans tout cela, une simple tique sous la robe d'un cheval.